Quand la province du Hubei a annoncé il y a quelques semaines un plan d'investissement de 18 trillions de yuans (1 800 milliards d'euros) pour les cinq années à venir, même la presse chinoise a tiqué : " L'investissement équivaut à dix fois le PIB 2009 de la province ! ", a fait remarquer le Global Times, relayant les doutes d'économistes chinois sur la capacité de cette province, relativement pauvre du centre de la Chine, à rembourser. A Chongqing, une municipalité grande comme le Benelux, avec une population de 30 millions d'habitants, mais dont 50 % sont ruraux, c'est un trillion de yuans (100 milliards d'euros) d'investissements qui ont été programmés pour le prochain plan quinquennal, dont 200 milliards de yuans (20 milliards d'euros) pour construire les plus grandes tours jumelles du monde.
La folie des grandeurs des provinces chinoises évoque, aux yeux d'un nombre croissant d'économistes, chinois et occidentaux, des centaines d'Enron ou de Dubaï à la chinoise. Ces dépenses hasardeuses, préviennent-ils, vont resurgir dans les bilans des banques, sous forme de mauvaises créances.
" Euphorie " Or, fait remarquer un spécialiste occidental du secteur bancaire à Pékin, " le plus étonnant, c'est que l'encours des prêts non performants est officiellement en baisse. Ce qui cache un rééchelonnement généralisé des dettes ", dit-il. Poursuivant : " La charge de la dette implique toutefois qu'il va y avoir rapidement un problème au niveau de certaines structures locales. "
Une parade est déjà à l'oeuvre : les grandes banques ont annoncé des plans massifs de recapitalisation par la Bourse. Un peu comme en 2005 où, confronté à une accumulation de créances douteuses, le gouvernement avait ouvert le capital des banques d'Etat aux grandes banques étrangères avant de les introduire en Bourse à Hongkong et Shanghaï : " Alors qu'il y a deux-trois ans, c'était l'euphorie, cette fois, les recommandations étrangères sont tièdes ", poursuit l'expert, qui prédit qu'au final : " Qui paiera la note ? Les épargnants chinois. "
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