Pauvreté, mortalité infantile, éducation, santé... L'ONU a publié hier un rapport sur l'état d'avancement des « objectifs du Millénaire »
« Le nombre relatif de ceux qui vivent avec moins de 1,25 dollar (environ 1 €) par jour dans les pays en voie de développement est passé de 46 % en 1990 à 27 % en 2005, grâce aux progrès réalisés en Asie. On s'attend à atteindre le chiffre de 15 % en 2015. » Ces chiffres sont extraits du rapport d'étape sur les « Objectifs du millénaire pour le développement », publié trois mois avant la tenue d'un sommet de l'ONU qui rassemblera une centaine de chefs d'État, les 21 et 22 septembre 2010 à New York.
Il y a dix ans, les pays membres de l'ONU s'étaient accordés pour lutter avant 2015 contre l'extrême pauvreté et ses conséquences dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la faim. « Ces objectifs ont été un outil important pour mobiliser une aide au développement qui avait fortement faibli dans les années 1990, avec la fin de la guerre froide », souligne Philippe Thiébaud, le directeur des biens publics mondiaux au ministère des affaires étrangères français. Selon lui, « la croissance économique a été le principal vecteur de la réduction de la pauvreté ».
Une décennie plus tard, le rapport constate que des progrès sont bien là sous de nombreux aspects. 1,8 milliard de personnes avaient moins d'un dollar par jour pour vivre en 1990. Ils sont 400 millions de moins aujourd'hui. Un résultat dû, en grande partie, à l'émergence de la Chine et, dans une moindre mesure, de l'Inde. La mortalité infantile a également fortement diminué. Ils étaient 12,5 millions d'enfants à mourir avant d'atteindre l'âge de 5 ans en 1990. Ils ont été 8,8 millions en 2008. Des pays comme le Niger, le Malawi ou le Mozambique enregistrent des progrès remarquables dans ce domaine. En matière de lutte contre les grandes pandémies, 2 millions de malades sont morts du sida en 2008, soit 200 000 de moins que quatre années plus tôt. Sur le plan de l'éducation, le rapport note en revanche que « l'espoir d'une éducation universelle d'ici à 2015 diminue, malgré le fait que de nombreux pays pauvres ont fait des progrès énormes ».
« Avec les politiques mises en oeuvre, est-on parvenu à atteindre les plus pauvres des plus pauvres ? » s'interroge Fabrice Ferrier, le responsable français de la Campagne du millénaire des Nations unies. « 828 millions de personnes vivent encore dans des taudis. » En septembre à New York, on attend un engagement renouvelé des pays du Nord à soutenir leurs efforts financiers et des pays du Sud à s'approprier ces objectifs qui concernent la vie quotidienne de leurs citoyens. Plusieurs défis sont à relever. Dans les pays du Sud, la bonne gouvernance est une condition indispensable à la lutte contre la pauvreté. Dans les pays industrialisés, l'objectif de consacrer 0,7 % du PIB pour l'aide au développement paraît être repoussé dans le temps. La crise mondiale qui touche les pays donateurs semble limiter leurs ambitions. Les Objectifs du millénaire demanderaient aussi à être revus à la lumière des enjeux climatiques. Enfin, des objectifs spécifiques par zone géographique permettraient de mieux juger des progrès de la lutte contre la pauvreté, par exemple, en Afrique subsaharienne.
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