PetroChina, numéro deux mondial, n'écarte pas un rapprochement avec l'américain affaibli par la marée noire.
Les déboires de BP aiguisent les appétits jusqu'en Chine. Le groupe PetroChina s'est dit ouvert au resserrement de ses liens avec la compagnie britannique affaiblie par la marée noire. Interrogé sur l'offre d'aide et les spéculations qui s'en sont suivies sur une possible acquisition par le pétrolier chinois, Mao Zefeng, chargé des relations avec les investisseurs pour PetroChina, a répondu au Financial Times : « je n'ai pas de commentaires à faire sur ces rumeurs. Mais s'il y a une occasion de travailler de façon plus étroite ensemble, nous sommes tout à fait ouverts à cela ».
L'ambition du numéro un chinois hors de ses frontières n'est plus à démontrer. PetroChina a prévu d'y investir 60 milliards de dollars (48 milliards d'euros) dans les dix années à venir. Déjà présent dans 29 pays, le groupe veut sécuriser une production de 200 millions de tonnes équivalent pétrole en dehors de Chine, selon son président, Jiang Jiemin.
Pour autant, la perspective d'une OPA sur BP par le deuxième pétrolier mondial paraît improbable. Ne serait-ce que parce que le gouvernement britannique ne laisserait pas le fleuron industriel national tomber sous le contrôle de Pékin. Mais des coentreprises semblent envisageables.
PetroChina partage d'ailleurs avec BP un petit bout d'histoire commune. Comme le rappelle Mao Zefeng, le britannique avait pris 20 % du capital de PetroChina lors de son entrée en Bourse en 2000, avant de les revendre en 2004. Les deux groupes exploitent déjà ensemble un réseau de stations service dans la province du Guangdong au sud de la Chine.
Vieux rêve maoïste
Le rapport de force des binômes sino-étrangers paraît basculer du côté des groupes chinois à un moment où la Chine a plus que jamais besoin de sécuriser ses approvisionnements en ressources énergétiques. La République populaire importe déjà la moitié du pétrole dont elle a besoin et cette proportion ne cesse de s'accroître en faveur des importations d'or noir. Son indépendance énergétique n'est déjà plus qu'un vieux rêve maoïste et les compagnies pétrolières, détenues par l'État, multiplient les investissements sur le globe.
En 2009, les trois principaux groupes pétroliers chinois, PetroChina, Sinopec et Cnooc, ont investi quelque 18,2 milliards de dollars (14,5 milliards d'euros) à travers le monde, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le mouvement s'est amplifié depuis le début de l'année avec notamment la prise de contrôle en mars de 50 % du capital de l'argentin Bridas par Cnooc pour 3,1 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros) ou encore l'investissement de Sinopec dans un gisement de sable bitumineux dans la province de l'Alberta au Canada, à hauteur de 4,6 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros).
Quelles que soient les suites chinoises, les informations selon lesquelles des acheteurs potentiels convoitent les actifs de BP ont dopé son cours de bourse, hier. L'Américain Apache est en discussion pour un portefeuille de 10 milliards de dollars incluant des gisements en Alaska. L'action du pétrolier britannique avait grimpé de 9,2 % en fin d'après-midi à Londres. La baisse du titre n'affichait « plus que » 40 % par rapport à l'avant marée noire, alors que fin juin, il avait dégringolé de 53 % en deux mois.
Dans les eaux du golfe, BP tentait hier soir la pose d'un nouvel entonnoir sur le puits sous-marin endommagé afin de récupérer dans le meilleur des cas la totalité de la fuite.
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