jeudi 15 juillet 2010

Ces étudiants étrangers convoités par les pays riches

Le Monde - Environnement & Sciences, vendredi, 16 juillet 2010, p. 5

Tous les migrants ne se valent pas et il est une catégorie que les pays cherchent à faire venir et même à retenir. Les étudiants " internationaux " sont de ceux-là.

Pour la première fois, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) quantifie, dans son rapport annuel sur les " Perspectives des migrations internationales ", publié lundi 12 juillet, le nombre de ceux qui transforment leur visa d'études en visa de travail après leur diplôme.

Sur les 2 à 2,5 millions de jeunes issus du monde entier venant étudier chaque année dans les pays de l'OCDE, 21 % en moyenne " s'installent " dans le pays d'accueil. Autrement dit, plus d'un étudiant sur cinq ne rentre pas dans son pays d'origine après son diplôme.

Ces jeunes viennent en grande majorité de pays de l'OCDE, mais les contingents venus de Chine, d'Inde sont également importants.

Ce chiffre exclut les étudiants en libre circulation au sein de l'Union européenne. Il est réellement significatif dans la mesure où il représente 84 % environ " de la totalité des étudiants effectuant leur cursus à l'étranger ".

Cette fuite des cerveaux non négligeable, souhaitée et organisée par les grands pays développés, varie fortement selon les pays. Au Canada, 19 % des étudiants en mobilité internationale s'installent dans le pays. Au Japon, ils sont 20 % et en France, 27,4 %.

Depuis le début des années 2000, la tendance est partout à l'augmentation des effectifs des étudiants étrangers. Leur nombre a " doublé en moyenne " de 2000 à 2007, selon l'OCDE, mais il a été multiplié par dix en Corée du Sud, et par huit en Nouvelle-Zélande. En Suède, la progression annuelle a été de 14 % depuis 1997.

Corrélativement, le pourcentage des étudiants étrangers dans la population étudiante des pays développés ne cesse de croître : il est de 19,5 % en Australie, pays qui a déployé de très gros efforts pour se rendre attractif auprès des jeunes Asiatiques notamment, de 15 % au Royaume-Uni et de 11,3 % en France par exemple.

Etats-Unis en tête

Les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, l'Australie, la France et le Royaume-Uni figurent parmi les pays qui accueillent le plus d'étudiants étrangers. Ces six pays représentent 75 % de la totalité des étudiants internationaux de la zone OCDE. Avec près de 600 000 étudiants en 2007, les Etats-Unis se taillent la part du lion.

Pour les pays développés, cette future main-d'oeuvre est d'autant plus intéressante qu'elle est qualifiée et qu'elle parle la langue du pays. Les autorités canadiennes ont ainsi facilité l'obtention d'un titre de séjour permanent par les jeunes diplômés étrangers.

Brigitte Perucca

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