lundi 19 juillet 2010

Face à Angela Merkel, le Premier ministre chinois dément tout protectionnisme

Les Echos, no. 20721 - International, lundi, 19 juillet 2010, p. 5

Interpellé sur les problèmes de non-respect de la propriété intellectuelle et sur la fermeture de certains marchés aux Occidentaux, Wen Jiabao a assuré que son pays traitait les sociétés étrangères avec équité.

Le Premier ministre chinois a profité de sa rencontre, samedi, avec la chancelière allemande Angela Merkel pour s'en prendre aux entreprises étrangères qui ont récemment dénoncé un durcissement du climat des affaires en Chine.

S'exprimant depuis Xian, à l'occasion d'un séminaire sino-allemand regroupant plusieurs cadres politiques et économiques des deux pays, le chef du gouvernement chinois a martelé que « les allégations évoquant une détérioration de l'environnement pour les investissements étaient fausses ».« Les investissements étrangers n'afflueraient pas dans un pays où l'environnement se dégraderait pour les investissements », s'est offusqué le responsable, faisant référence aux dernières statistiques officielles qui montrent que les investissements directs étrangers ont progressé dans le pays de 19,6 %, en glissement annuel, au premier semestre 2010.

Création d'un fonds « verts »

Réagissant pour la première fois aux récents rapports des Chambres américaine et européenne de commerce en Chine qui se sont, tour à tour, inquiété d'une poussée des pratiques économiques protectionnistes, des traitements administratifs discriminatoires et de l'iniquité croissante des tribunaux chinois, Wen Jiabao a réaffirmé que tous « les groupes qui entraient en Chine bénéficiaient du même traitement que les sociétés chinoises ».

Mobilisée par des sociétés allemandes, Angela Merkel avait elle-même profité de son séjour en Chine pour appeler Pékin à ouvrir davantage ses marchés, à protéger plus sérieusement la propriété intellectuelle et à mieux partager ses « terres rares ». Wen Jiabao lui a rétorqué que son pays ne bloquerait pas l'exportation de cette famille de métaux précieux utilisés par de nombreuses industries et produits à plus de 90 % en Chine. Le Premier ministre a encore affirmé que son pays était favorable à un rééquilibrage des échanges entre les deux nations. L'an dernier, la Chine avait exporté pour 55,4 milliards de dollars de marchandises en Allemagne et acheté pour 36,5 milliards de dollars de produits allemands.

Tentant de faire taire le débat dans la communauté d'affaires étrangères sur une fermeture de leur pays, les officiels chinois ont, tout au long du week-end, mis en scène leur « fairplay » en rappelant la longue liste des accords de coopération et des contrats commerciaux (voir encadré) signés à l'occasion du passage d'Angela Merkel. Les deux pays ont notamment signé un accord pour la création d'un fonds « vert » d'un montant de 124 millions d'euros visant à encourager les réductions d'émissions de gaz à effet de serre et les économies d'énergie dans les entreprises et validé la création d'une deuxième coentreprise entre Siemens et son partenaire chinois Shanghai Electric, centrée sur la recherche et le développement de turbines à vapeur et à gaz.

YANN ROUSSEAU

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