lundi 12 juillet 2010

Google obtient sa licence d'exploitation

Le Monde - Economie, lundi, 12 juillet 2010, p. 11

Une solution à l'amiable a été trouvée dans le conflit qui oppose depuis plusieurs mois Google au gouvernement chinois. Pékin a renouvelé, jusqu'en 2012, la licence d'exploitation de fournisseur de contenu du moteur de recherche, indispensable à toute activité d'un site Internet en Chine. Le gouvernement avait menacé Google de ne pas lui renouveler cette licence si le moteur continuait de rediriger automatiquement les internautes chinois vers les résultats non censurés de Google Hong Kong. Le géant californien a renoncé au reroutage : les internautes chinois ont désormais accès à Google.cn et se voient proposer un accès à la version de Hong Kong non censurée, via un lien. L'affaire avait commencé en mars quand Pékin avait été soupçonné d'être à l'origine d'attaques informatiques massives sur Google. La firme avait alors menacé de se retirer de Chine avant de publier des résultats non censurés sur ses pages.

Le géant de l'Internet, Google, est finalement parvenu à un accord avec la Chine afin d'obtenir le renouvellement pour un an de sa licence d'exploitation. Ce renouvellement a été annoncé, vendredi 9 juillet, par David Drummond, le responsable juridique du groupe américain. Cela faisait plus d'une semaine que sa licence ICP (Internet Content Provider) était arrivée à échéance et Pékin menaçait de ne pas la renouveler - privant ainsi Google d'une présence commerciale sur le plus gros marché Internet du monde (400 millions d'internautes) - s'il continuait à rerouter systématiquement tous les visiteurs de son site chinois (www.google.cn) vers une adresse basée à Hongkong (www.google.com.hk), pour contourner la censure.

« Reroutage inacceptable »

« Il était apparu clairement, dans les discussions que nous avons eues avec Pékin, qu'ils trouvaient ce reroutage inacceptable », a expliqué M. Drummond sur le blog officiel de Google. Depuis vendredi, la page d'accueil www.google.cn est restaurée. Mais dès que l'on tape une requête dans la barre de recherche du moteur, on continue d'être redirigé vers un site hongkongais, toujours non censuré. En revanche, il est possible d'accéder à trois types de services en restant sur le site de Chine continentale : l'écoute de musique en streaming, le shopping en ligne ou un outil de traduction.

Ce compromis permet à Google de rester en Chine tout en s'en tenant à l'engagement pris par ses dirigeants début janvier. Ils avaient alors déclaré ne plus vouloir céder à la censure après que des comptes Gmail (notamment de dissidents chinois) avaient été victimes, selon eux, de cyberattaques venues de Chine. C'était la première fois qu'une société occidentale de cette taille s'opposait aussi publiquement et violemment aux autorités. Fin mars, mettant en partie sa menace à exécution, Google avait commencé de réorienter automatiquement les visiteurs de son site chinois vers l'adresse de Hongkong non censurée.

Une provocation pour Pékin, qui obtient aujourd'hui la fin de ce reroutage systématique : surfer sans censure. En termes d'affichage, c'est important : Google est un moteur populaire en Chine et de nombreux internautes chinois ont pu, pendant quelques mois, l'utiliser sans se rendre compte qu'ils surfaient sur un site en réalité non autorisé par le pouvoir. « La chose surprenante, c'est que le processus de renouvellement de la licence a été plus rapide que prévu [...]. Google est important pour le peuple chinois et j'ai l'impression que Pékin l'a c ompris », selon l'analyste Heath Terry, de la société américaine FBR Capital Markets, cité par l'agence Bloomberg.

Sur le front commercial, Google aura peut-être du mal à regagner le terrain perdu durant ses six mois de conflit avec Pékin. Sa part de marché a chuté à 30,9 % au premier trimestre 2010 (contre 35,6 % fin 2009), selon Analysis International. Au profit de son concurrent chinois, le puissant Baidu (64 % de parts de marché au premier trimestre 2010).

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