samedi 17 juillet 2010

La croissance chinoise s'assagit à 10,3 % au deuxième trimestre - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20720 - International, vendredi, 16 juillet 2010, p. 5

Après la hausse de 11,9 % du PIB chinois enregistrée sur les trois premiers mois de l'année, le chiffre de 10,3 % au deuxième trimestre est bien accueilli par les autorités de Pékin, qui avaient redouté une nouvelle surchauffe début 2010.

Pour une fois, le porte-parole du Bureau national des statistiques avait presque l'air satisfait des données sur la croissance chinoise qu'il présentait, hier, à la presse, à Pékin. « De manière générale, l'économie va bien », a soufflé Sheng Laiyun, habituellement prompt à pointer les risques de surchauffe, les menaces d'inflation ou autres périls venus des marchés occidentaux en convalescence.

Selon les calculs de Pékin, la progression du produit intérieur brut (PIB) a ralenti à 10,3 % au deuxième trimestre par rapport aux 11,9 % annoncés sur la période allant de janvier à mars, mais s'est tout de même fixée à un rythme de 11,1 % sur l'ensemble des six premiers mois de l'année. « Ce ralentissement va aider notre économie à éviter une surchauffe et participer à la transformation de notre modèle économique », a assuré Sheng Laiyun, faisant ainsi taire les commentateurs les plus pessimistes qui avaient évoqué, ces dernières semaines, le scénario d'un atterrissage brutal de la croissance chinoise.

Si les statistiques ont montré une baisse plus soutenue que prévu de la croissance de la production industrielle sur la fin du semestre - elle n'a atteint que 13,7 % en juin -, elles ont surtout apporté la preuve que les mesures de refroidissement mises en place en début d'année par Pékin dans les secteurs menacés de surchauffe commençaient à porter leurs fruits.

L'inflation sous contrôle

Pour éviter la formation d'une bulle immobilière, le gouvernement a incité les promoteurs à limiter leurs nouveaux projets et les banques à se montrer un peu moins généreuses en crédits. Les validations de grands projets d'infrastructures sont aussi désormais plus difficiles à obtenir auprès du gouvernement central. Les investissements en capital fixe dans les zones urbaines, un des moteurs de l'économie, ont d'ailleurs progressé de 25,5 % sur l'ensemble du premier semestre après avoir été annoncés à 25,9 % sur les cinq premiers mois de l'année.

Très surveillée par le Parti communiste, qui vit dans l'obsession d'une grogne sociale, l'inflation semble, elle, sous contrôle, avec un indice des prix à la consommation en hausse de seulement 2,9 % en juin sur un an, contre 3,1 % le mois précédent.

Rassurées par ces résultats, les autorités centrales devraient désormais attendre de mesurer l'impact récessif exact des plans d'austérité européens sur leur croissance avant d'éventuellement modifier leur politique économique. A court terme, « les chances de voir d'autres mesures de resserrement monétaire, tels qu'une hausse des ratios de réserves obligatoires des banques ou un relèvement des taux d'intérêt, s'amenuisent », expliquait, hier, Ting Lu, un économiste de Bank of America Merrill Lynch. « Il ne devrait pas y avoir de hausse des taux ou de nouvelles mesures concernant l'immobilier », confirmait Stephen Green, un économiste de la Standard Chartered Bank en Chine, qui prédit, également, une hausse très contenue du yuan face au dollar dans les prochains mois.

Souplesse possible

La plupart des experts estiment que si les autorités centrales venaient à ressentir, à l'automne, un ralentissement plus sévère que prévu, elles pourront toujours décider, en fin d'année, d'assouplir leur politique monétaire, de lever une partie de leurs contrôles sur le marché immobilier ou de valider quelques nouveaux grands projets, notamment en matière de logement social. En maintenant cette souplesse, elles pourraient voir leur croissance 2010 flirter avec un confortable 10 % qui permettrait à la Chine de dépasser le Japon pour s'imposer, derrière les Etats-Unis, comme la deuxième plus grande puissance économique mondiale.

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