D'après certaines sources, près du quart des prêts accordés, l'an dernier, aux régions chinoises pourraient ne pas être remboursés. La solidité du secteur bancaire est en jeu. Mais l'Etat central a les moyens de jouer les pompiers.
Un Etat central riche peut cacher des collectivités locales endettées. C'est ce qui semble être le cas en Chine, où l'on craint désormais que la mauvaise situation financière des régions représente un risque pour l'ensemble du secteur bancaire.
Mardi, l'agence de presse Bloomberg, citant une source anonyme à la Commission chinoise pour la régulation bancaire, croyait savoir qu'environ 23 % des prêts que les banques chinoises ont accordés en 2009 à des organismes émanant des collectivités locales risquaient de ne pas être remboursés. Or, en 2009, Pékin avait donné pour consigne à ses banques de prêter généreusement, dans le cadre d'un plan de relance massif destiné à éviter que la crise mondiale ne mette K.-O. l'économie chinoise. C'est donc un total de 7.700 milliards de yuans (874 milliards d'euros) qui ont été indirectement prêtés, l'an dernier, aux collectivités - car ces dernières n'ont pas le droit de s'endetter et créent donc des véhicules financiers à cette fin.
Système financier fébrile
Si le chiffre de 23 % était confirmé, cela représenterait donc une perte potentielle de 200 milliards d'euros pour les banques chinoises. L'interrogation sur la solidité des prêts aux collectivités locales est en tout cas révélatrice de la fébrilité qui entoure le système financier chinois.
Les quatre grandes banques du pays cherchent actuellement à se recapitaliser. Mais nul ne peut affirmer, pour l'heure, que leurs levées de fonds suffiront à combler l'ampleur des pertes à venir. L'introduction en Bourse, début juillet, d'Agricultural Bank of China s'est ainsi soldée par des résultats mitigés. Ce climat a en outre été alimenté par l'agence de notation Fitch qui a estimé, il y a deux semaines, que les banques chinoises avaient prêté plus encore que ne le laissent entendre les chiffres officiels. Elles auraient procédé à des titrisations, revendant à des investisseurs des produits financiers complexes visant à diluer le risque_ et rappelant certains ingrédients de la crise des « subprimes ».
Il reste que, comme le note Xu Bei, économiste chez Natixis, « l'innovation financière reste à des niveaux plus que raisonnables en Chine ». Surtout, l'Etat central, dont la dette représente environ 17 % du PIB, aurait probablement les moyens de remettre à flots les collectivités. D'après Standard Chartered, le niveau global de la dette publique en Chine tournerait autour de 80 % du PIB. Pas de quoi effrayer un Européen.
GABRIEL GRESILLON
© 2010 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire