Plusieurs États membres ont exprimé leur désaccord avec les experts du Fonds, qui jugent la monnaie chinoise « fortement sous-évaluée ».
Le taux de change du yuan revient en force sur la scène internationale. Le Fonds monétaire international (FMI) qui a toujours jugé la monnaie chinoise « fortement » sous-évaluée a révélé, hier, que cette question divisait désormais les vingt-quatre États membres qui composent le conseil d'administration du fonds. Avec deux conséquences importantes : officiellement, le FMI ne juge plus le yuan « fortement sous-évalué », ce qui affaiblit fortement les positions des partisans américains de sanctions contre la Chine; politiquement, ensuite, cela signifie que Pékin a trouvé des alliés de poids dans l'organe exécutif du FMI, ce qui perturbe l'organisation financière, basée à Washington, où les États-Unis jouent un rôle clé.
Le clivage est apparu à l'occasion d'une réunion du conseil d'administration du fonds, lundi, à Washington. L'exécutif du FMI devait approuver, ce jour-là, le rapport annuel - « article IV » - sur l'économie chinoise.
Colère de l'émissaire du fonds à Pékin
Seul le taux de change du yuan, que Pékin laisse flotter plus librement depuis le 20 juin, a fait l'objet d'une appréciation clairement différentiée entre États. « Plusieurs administrateurs sont convenus que le taux de change du yuan était sous-évalué », mais cependant « un certain nombre d'autres se sont montrés en désaccord » avec l'avis exprimé dans le rapport du FMI, souligne une note d'information publiée sur le site du FMI. Pour les partisans de Pékin, « un changement structurel de la balance des paiements chinoise est déjà en cours, reflétant les réformes mises en place pour renforcer la consommation ».
Ces divisions au plus haut niveau risquent de diluer le message du FMI, qui jusqu'ici faisait référence en matière de changes. Et d'affaiblir les pressions internationales en faveur d'une appréciation plus franche du yuan, demandée notamment par le Congrès américain.
D'où la colère du responsable de la mission du FMI en Chine, hier. « L'opinion des services du FMI sur la monnaie chinoise est que le yuan reste fortement inférieur au niveau qui serait conforme aux données économiques de base à moyen terme », a déclaré à la presse, hier, Nigel Chalk. Aussi avertis soient-ils, ces propos ne reflètent plus l'opinion officielle du fonds, au grand dam de Washington. La Chine a laissé le yuan s'apprécier de 0,7 % face au dollar depuis un mois, un geste salué par la communauté internationale, mais jugé très insuffisant par les Occidentaux. Les Américains sont les plus offensifs sur le sujet. Ils sont aussi les seuls à pouvoir imposer des sanctions commerciales à la Chine si le département du Trésor jugeait le yuan « manipulé », un terme que Tim Geithner n'a plus employé depuis janvier 2009.
Il a passé le relais au président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, qui a estimé la semaine dernière que les produits chinois aux États-Unis étaient sous-évalués de 10 à 30 %. Certains élus américains jugent le yuan sous-évalué de 40 %. Les responsables chinois ont réaffirmé, hier, qu'à leurs yeux leur monnaie était à sa juste valeur.
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