Il aimait les tavernes, les refrains enjoués, les femmes et la lune ronde et pleine. Le poète chinois Li Po (VIIIe siècle) a, selon la légende, trouvé la mort en voulant saisir nuitamment le reflet de la lune dans une eau calme et fraîche. Dans un ouvrage inclassable, Cheng Wing-fun et Hervé Collet reviennent sur le destin et l'oeuvre de ce poète majeur de la dynastie Tang, à l'égal de son ami Tu Fu, faisant alterner anecdotes et poèmes, dont quelques-uns reproduits dans leur édition originale. Des poèmes simples, faits d'oies sauvages, jade, jonques, nuages flottants, « mouettes oisives », « châtaignes givrées », courtisanes de Wu, ivresses fraternelles, puisque « la vie en ce monde n'est guère en accord avec nos désirs »...
Li Po, l'immortel banni sur terre buvant seul sous la lune de Cheng Wing-fun et Hervé Collet, Albin Michel, 222 p., 15 eur.De tous les grands poètes chinois, Li Po (ou Li Bai, 701-762) est sans conteste celui dont le génie est le plus extravagant. Son contemporain et ami Tu Fu, autre immense poète, disait de lui : "son poème achevé, dieux et diables pleurent". Son imaginaire taoïste débridé et frappant, associé à son amour immodéré pour le vin et à sa vie errante, font de lui une figure iconoclaste et universelle. Autour de ses poèmes, calligraphiés et traduits par leurs soins, Cheng Wing fun et Hervé Collet ont articulé une passionnante biographie de ce sage incongru. Ils parviennent à nous restituer simultanément l’atmosphère historique de la Chine des Tang et la magie discrète et enivrante de la nature éternelle. Cet ouvrage passionnant convie le lecteur à un voyage initiatique sur le Long Fleuve et dans les montagnes sacrées. Il y croisera des ermites taoïstes et des maîtres ch'an, des amis poètes, des courtisanes et le Fils du ciel en personne.
Ed. Albin Michel
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