Le travailleur de la « nouvelle Chine », dépeint par « The Economist », sera moins docile et mieux payé. Et cela serait une bonne chose pour la Chine et l'économie mondiale, ajoute le magazine. Ce constat peut étonner, quand on se souvient que c'est sa main-d'oeuvre bon marché qui fut le moteur du miracle économique du pays. Cette même main-d'oeuvre, qui, selon les estimations, a permis à chaque ménage américain de bénéficier de 765 euros supplémentaires par an dans leur budget, notamment grâce à l'introduction de produits à bas prix dans les magasins outre-Atlantique. Et pourtant, les changements que l'on perçoit en Chine pourraient bien aider l'économie mondiale, encore ébranlée par la crise, à renouer avec le plein-emploi, révèle l'hebdomadaire. Les travailleurs chinois voient leur pouvoir de négociation augmenter, du fait de la raréfaction de l'offre de travail et de l'introduction en 2008 d'une loi qui protège leurs droits. Il se font en conséquence plus revendicatifs, en témoignent les 36 grèves survenues dans la province du Guangdong en l'espace de quarante-huit jours. De fait, même si les plus bas salaires chinois correspondent encore à un vingtième du salaire américain moyen, ils ont malgré tout augmenté de 17 % par rapport à l'année dernière. Ces hausses de revenu seraient bénéfiques à la Chine, dont l'économie repose essentiellement sur l'investissement, et trop peu sur la consommation. Or l'on estime qu'une hausse de 20 % de la consommation chinoise augmenterait les exportations américaines de 25 %, source d'une création d'emplois évaluée à 200.000 postes aux Etats-Unis. Par ailleurs, la hausse des salaires chinois éloigne le spectre d'une déflation mondiale, menaçant en ces temps de crise. Quant aux investisseurs internationaux, ceux-ci pourraient trouver une main-d'oeuvre bon marché en Inde, qui, après la Chine, deviendrait l'« atelier du monde ».
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