A la réunion de Tianjin, préparatoire au sommet de Cancun, les tensions entre Chine et Etats-Unis se sont avivées
La dernière étape de négociations avant la conférence de Cancun qui doit, un an après le décevant sommet de Copenhague, permettre d'apporter des réponses aux défis du changement climatique, s'est conclue, samedi 9 octobre à Tianjin, dans le nord-est de la Chine, par un déballage des discordes qui opposent la Chine aux Etats-Unis, et sur un sentiment général d'insuffisance.
Si la secrétaire générale de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC), Christiana Figueres, a estimé que ces six jours ont permis de « nous rapprocher d'un ensemble de décisions qui peuvent faire l'objet d'un accord à Cancun », la plupart des négociateurs ne cachent pas leur inquiétude quant à l'issue du sommet mexicain, qui doit se tenir du 29 novembre au 10 décembre. Peter Wittoeck, le chef de la délégation européenne, a ainsi jugé le processus « lent, irrégulier, allant et venant ».
La rhétorique conflictuelle l'a rapidement emporté dans les discussions entre les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, reflétant une division persistante entre les pays en voie de développement, qui exigent des pays riches qu'ils augmentent leurs objectifs de réduction d'émissions et les aident à financer leur adaptation au changement climatique, et ces mêmes pays développés, qui attendent des autres des engagements sur la baisse des émissions et davantage de transparence.
Le plus haut responsable des questions climatiques au sein de l'administration Obama, Todd Stern, a accusé la Chine d'agir « comme si l'accord de Copenhague n'avait pas existé ». Du point de vue américain, Pékin découd ce qui a été péniblement tissé, notamment le processus de vérification des actions entreprises pour limiter le changement climatique.
« On fait d'abord ce que l'on a à faire, ensuite on se permet de critiquer les autres », a rétorqué Su Wei, un haut négociateur chinois. Les pays en développement s'interrogent sur la capacité des Etats-Unis à atteindre leur objectif de réduction de leurs émissions de 17 % en 2020 par rapport à 2005, alors que le Congrès a mis de côté, cet été, le projet de loi sur le climat.
« Equilibre menacé »
Dans ce contexte, la perspective de la signature d'un accord contraignant global, déjà repoussée à Copenhague, s'éloigne un peu plus. Le négociateur américain Jonathan Pershing a fait, samedi, le constat de « progrès très limités sur les points-clés », jugeant que « l'équilibre qui permettait des progrès est désormais menacé ».
Le groupe des 77, coalition de pays en développement, travaille sur une proposition visant à faire adopter à Cancun un mandat d'aboutir à un tel accord global. Mais il pourrait conditionner cette proposition à l'adoption par les pays riches d'une prolongation au protocole de Kyoto, initiative qui mettrait Washington, qui n'a jamais adhéré, au pied du mur.
Si le texte sur lequel devront plancher les ministres au Mexique ne s'est pas significativement délesté des 70 pages et multiples options héritées de réunions antérieures, des progrès ont néanmoins été enregistrés. Les parties ont avancé sur la création d'un « fonds vert » pour le climat doté de 100 milliards de dollars (72 milliards d'euros) par an à partir de 2020, promise à Copenhague.
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