mercredi 13 octobre 2010

Le chinois CNOOC entre aux Etats-Unis dans le gaz non conventionnel

Les Echos, no. 20782 - Industrie, mardi, 12 octobre 2010, p. 22

CNOOC revient par la petite porte aux Etats-Unis. Cinq ans après avoir dû renoncer à son projet d'investissement géant outre-Atlantique, compte tenu du tollé qu'il avait soulevé sur la scène politique, le numéro trois chinois des hydrocarbures vient de parvenir à faire son entrée sur le sol américain.

Financièrement, l'échelle a changé. Alors que le groupe chinois était prêt à débourser 18,5 milliards de dollars, en 2005, pour mettre la main sur Unocal, il va débourser cette fois 2,2 milliards (1,5 milliard d'euros) pour participer à hauteur d'un tiers à un projet de schistes bitumineux conduit par l'américain Chesapeake dans le golfe du Mexique. La moitié de cette somme doit être versée en cash, tandis que le reste découlera du paiement progressif, par CNOOC, de 75 % du coût des forages à venir, jusqu'à un plafond de 1,1 milliard de dollars.

Nouvelles techniques

Plus modeste et moins ouvertement intrusif qu'en 2005, l'investissement annoncé par CNOOC n'en est pas moins stratégique pour le groupe et pour la Chine dans son ensemble. Non seulement il traduit, une fois de plus, l'ardente nécessité pour Pékin de développer des approvisionnements énergétiques tous azimuts, mais il doit également permettre au pays d'acquérir de nouvelles techniques dans les gaz non conventionnels.

L'exploitation de ces gaz jusqu'alors inutilisables est en train de reconfigurer le paysage énergétique nord-américain, et Chesapeake est l'un des groupes qui ont largement bénéficié de ces nouvelles méthodes d'extraction. Or la Chine a clairement identifié le potentiel de celles-ci pour son propre compte : disposant de gigantesques réserves de charbon, elle pourrait extraire des mêmes roches du gaz naturel si elle maîtrisait les techniques qui se développent actuellement de l'autre côté du Pacifique.

Pékin a pour objectif d'atteindre de 15 à 30 milliards de mètres cubes de production annuelle d'ici à 2020, contre presque rien aujourd'hui. Derrière CNOOC, c'est bien toute la stratégie énergétique de la Chine qui est en jeu.

Gabriel Grésillon

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