Les chiffres du commerce extérieur, mais aussi les réserves de change, apportent de l'eau au moulin de ceux qui considèrent la monnaie chinoise sous-évaluée.
Les douanes chinoises viennent de prouver, une fois de plus, que l'on peut faire dire ce qu'on veut aux statistiques. Elles n'ont pas manqué d'insister, hier, sur le fait que l'excédent commercial de septembre avait diminué par rapport à août, passant de 20 milliards de dollars à 16,9 milliards. Elles ont également fait remarquer que pour la période allant de janvier à septembre, la baisse était de 10,5 % sur un an. Pas sûr que la communauté financière internationale ait lu ces données de la même manière. Hier, on insistait plutôt sur le fait que l'excédent commercial avait atteint, sur le troisième trimestre 2010, un record depuis la crise financière de 2008, à 65,6 milliards de dollars. En réalité, les chiffres d'hier apportent un peu plus d'eau au moulin de ceux qui considèrent que la monnaie chinoise, le yuan, est délibérément sous-évaluée. D'autant que la Banque centrale chinoise a annoncé, hier, que ses réserves de change avaient atteint, fin septembre, la somme record de 2.650 milliards de dollars, soit plus que ce qu'anticipaient la plupart des économistes. Le diagnostic est donc cohérent : la machine exportatrice chinoise reste en pleine forme, et la Banque centrale, déjà première détentrice de réserves au monde, continue d'amasser son trésor de guerre.
Pression maximale
La pression est donc désormais maximale sur Pékin. Car non seulement les chiffres plaident pour une appréciation du renmimbi -la désignation officielle du yuan-mais en plus, les Etats-Unis sont en train, habilement, d'insister sur le caractère pénalisant de cette situation pour les autres pays émergents. Dans un talk-show américain, Timothy Geithner, le secrétaire américain au Trésor, a déclaré que « ce sujet, qu'on aime présenter comme étant uniquement une préoccupation américaine, est vraiment beaucoup plus important pour le reste du monde ». Et de faire la liste des pays dont les monnaies subissent actuellement une forte hausse, et qui se retrouvent, de ce fait, hors compétition avec la Chine. Depuis deux ans, la Malaisie, le Brésil et l'Afrique du Sud ont ainsi vu leurs devises s'apprécier respectivement de 13 %, 28 % et 34 %. La Thaïlande, dont la monnaie s'est envolée de 15 % en deux ans, vient de prendre des mesures pour lutter contre les entrées de capitaux. Dans la même veine, le Brésil a récemment augmenté la taxation des flux entrant sur son territoire, et la Corée du Sud a pris des mesures, en juin, pour limiter les transactions autour du won.
Calmer le jeu
Pékin l'a maintes fois répété : pas question d'agir sous la pression extérieure. Mais désormais, tout porte à penser -y compris les déclarations officielles -que la Chine va opter pour une appréciation graduelle de sa monnaie. Au-delà de la nécessité de calmer le jeu sur la scène internationale, ce serait aussi cohérent sur le plan intérieur, au moment où l'inflation vient d'atteindre, à 3,5 % sur un an, un record en près de deux ans. Un yuan plus fort permettrait de payer moins cher les importations et de soulager le panier de la ménagère, ce qui reste l'une des préoccupations majeures du régime.
1 commentaires:
Toujours accuser la Chine .
Et si on changer le point de vue :
-ce n'est pas la chine qui exporte de trop
- c'est l'amérique qui importe de trop parceque consommant de trop;
-un problême qui n'aurait pas lieu d'être si l'amérique s'appliquait la politique d'austérité que s'appliquent les pays qui ont autant de dettes et de déficit : grece; irlande ...alors que l'amérique sait préconiser de telles solutions conformes à l'orthodoxie libérale quand il s'agit d'autres pays..
Enregistrer un commentaire