Le Musée National du Palais voit affluer les touristes chinois. Il compte doubler sa superficie et s'ouvre aux entreprises qui souhaitent puiser l'inspiration dans sa collection unique de 670.000 pièces.
Si le Musée national du Palais, à Taipeh, est encore loin d'atteindre les records de fréquentation du musée du Louvre (lire aussi page 14), il a quand même dû élargir ses plages horaires pour faire face à l'afflux de touristes chinois, dont le nombre est passé de 123.000 en 2008 à 625.650 en 2009 ! Au premier semestre 2010, il s'établissait déjà à 700.000, ce qui laisse présager une fréquentation, toutes nationalités confondues, de plus de 3 millions de visiteurs cette année. Au point que le premier musée d'art chinois au monde songe à établir des quotas. Sur fond de réchauffement des relations entre Taiwan et la Chine, cette institution très politique - dont le directeur est nommé par le président de la République et les 300 salariés permanents (auxquels s'ajoutent autant d'employés temporaires) triés sur le volet -suscite l'extrême curiosité des visiteurs chinois.
L'actuelle directrice, Kung-shin Chou, ne cache pas ses « ambitions énormes ». Elle envisage ainsi de doubler la superficie du musée, lequel occupe déjà 12.000 mètres carrés, pour y loger notamment un Centre de l'industrie et de la créativité, où designers, artisans d'art, mais aussi spécialistes du marketing ou de la gestion pourront développer des projets en s'inspirant des collections du musée.
« L'an passé, nous avons collaboré avec une quinzaine d'entreprises taïwanaises qui avaient déjà travaillé pour nos boutiques, et nous leur avons apporté des connaissances sur la culture chinoise à travers un cycle de formation. A présent, nous accueillons des sociétés italiennes, tel Bulgari. Pourquoi pas, demain, Hermès ou Louis Vuitton ? », remarque Kung-shin Chou.
Coopération avec Pékin
Les pièces les plus intéressantes sont réalisées en « cobranding » avec le musée. D'ores et déjà, les magasins du site génèrent un chiffre d'affaires de 13,7 millions d'euros. S'y ajoutent les recettes billetterie (8 millions), le mécénat (1 million) et les subventions de l'Etat (22,8 millions). Le musée compte aussi dégager de nouvelles sources de financement en s'ouvrant aux tournages.
Moins soucieuse de voir les oeuvres saisies par la Chine à l'occasion d'une exposition à l'étranger, le musée collabore avec le Louvre, Guimet, la RMN, le château de Versailles_
Pour la première fois l'an passé une manifestation conjointe a été organisée avec Pékin, et, cet été, l'institution s'est même payé le luxe de programmer un événement intitulé « Tibet, trésors du toit du monde ». Les accrochages changent tous les trois mois tant la collection est riche mais le clou de la visite, un chou de jade, sorte de Mona Lisa locale, ne quitte jamais sa vitrine. L'an prochain, le Musée national du Palais reprend en l'enrichissant, une exposition déjà proposée au château de Versailles : « L'empereur Kangxi et les jésuites au temps de Louis XIV », en hommage à ces souverains qui cherchèrent à s'impressionner mutuellement sans jamais se rencontrer.
Martine Robert
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