Le plénum annuel du Parti communiste a pris acte de la mutation de l'économie chinoise. Après le tout-export, le but est désormais de permettre à la demande interne de prendre le relais. Une évolution délicate à piloter.
Comme il fallait s'y attendre, la réunion à huis clos du Parti communiste chinois, au cours de laquelle devait notamment être décidé le plan d'action économique du pays pour les cinq années à venir, n'a pas débouché sur une liste précise de réformes à mettre en oeuvre. Ses conclusions n'en sont pas moins instructives. Sur le plan politique, elles confirment que c'est bien Xi Jinping, l'actuel vice-président, qui est désormais le mieux placé pour prendre la succession, en 2013, de Hu Jintao en tant que président de la République. Le plénum du PC l'a en effet nommé vice-président de la Commission militaire du Parti. C'était l'ultime marche qu'avait franchie Hu Jintao avant d'atteindre le poste suprême. Ni ouvertement conservateur ni libéral, Xi Jinping incarne à la perfection cette génération de cadres du parti dont la neutralité semble être la marque de fabrique. Ce qui rend tous les scénarios possibles pour le jour, désormais quasi certain, où il accédera réellement à la direction du pays. Quant aux interrogations sur la légitimité du parti, largement relayées en Occident, elles sont balayées par les cadres du PC. « Le rôle dirigeant du Parti communiste chinois est la garantie fondamentale pour la Chine de parvenir à réaliser ses objectifs », plaident-ils dans le communiqué final, avant toutefois d'insister sur la nécessité de renforcer la « compétence » du Parti en matière de pilotage économique.
Absence de protection sociale
Car c'est bien dans ce domaine que le programme est le plus ambitieux : l'heure est à la mutation de l'économie chinoise. Désormais, l'objectif stratégique est de dynamiser la consommation des ménages. Le communiqué officiel explique que « la part du revenu personnel dans la répartition du revenu national doit être augmentée ». Le texte plaide également pour un « renforcement du système de sécurité sociale ». De fait, c'est la quasi-absence de protection sociale qui empêche les ménages chinois de consommer : dans la crainte d'un coup dur, ils épargnent massivement.
Reste à savoir comment vont se décliner, concrètement, ces objectifs. Une piste qui soulagera les partenaires de la Chine est évidemment la hausse du yuan, qui permettrait d'augmenter le pouvoir d'achat des ménages via une baisse du prix des importations. Mais, à part cela, l'histoire récente incite à la prudence : Hu Jintao avait fait de la « société harmonieuse », c'est-à-dire plus égalitaire, son leitmotiv. Le bilan est décevant. Si l'on compare les revenus des 10 % de Chinois les plus riches à ceux des 10 % les plus pauvres, le rapport est de 1 à 65, à en croire une récente étude.
Le pouvoir n'est pourtant pas resté les bras croisés. En matière de santé, un système de protection commence à être mis en place, avec l'objectif de couvrir plus de 90 % de la population à terme. Quant aux salaires, on l'a vu cet été, ils sont effectivement à la hausse. Mais il est de plus en plus difficile pour Pékin de contrôler tous les paramètres d'une économie qui lui échappe progressivement, comme l'illustre le marché immobilier. Les autorités ont beau prendre des mesures pour calmer la a spéculation dans les grandes villes, se loger devient une véritable gageure pour les ménages modestes. Le parti aura beau améliorer sa « compétence » en matière de pilotage économique, pas sûr qu'il pourra tout contrôler. Le cap est fixé. Mais la mer promet d'être agitée.
gabriel grésillon
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