vendredi 29 octobre 2010

Sanofi-Aventis se renforce dans l'automédication en Chine

Les Echos, no. 20795 - Industrie, vendredi, 29 octobre 2010, p. 23

Le champion tricolore de la pharmacie va débourser 377 millions d'euros pour se renforcer sur le marché chinois de la santé grand public, le deuxième plus vaste au monde après celui des Etats-Unis, avec une taille estimée à 12 milliards d'euros.

Sanofi-Aventis poursuit son développement à marche forcée dans la santé grand public. Après avoir mené des acquisitions en Amérique du Sud (Gramon), en Europe (Oenobiol, Kernpharm et Nepentes) et en Amérique du Nord (Chattem et Canderm), le champion tricolore de la pharmacie se renforce en Chine. Le groupe, dirigé par Chris Viehbacher, a annoncé hier l'acquisition de BMP Sunstone au prix de 10 dollars par titre, soit 520 millions de dollars (377 millions d'euros) au total.

« Le prix par action représente une prime de 30 % par rapport au prix de clôture de BMP Sunstone le 27 octobre 2010. Le conseil d'administration de BMP Sunstone a approuvé l'opération à l'unanimité », précise Sanofi. Cotée aux Etats-Unis, la société a réalisé l'an dernier 147 millions de dollars de chiffre d'affaires, essentiellement en Chine, où elle est connue pour ses traitements de la toux et du rhume des enfants, ainsi que pour ses produits d'hygiène féminine.

Le laboratoire français entend tirer parti du marché chinois de la santé grand public, le deuxième plus vaste au monde après celui des Etats-Unis, avec une taille estimée à 12 milliards d'euros en 2010. Selon Sanofi, ce marché a connu un taux de croissance annuel d'environ 11 % depuis 2005 et cette tendance devrait continuer, notamment grâce à la poursuite de l'urbanisation. Globalement, le groupe table sur 2 milliards d'euros de ventes dans le pays d'ici à 2015, après 512 millions en 2009 (+ 29 %).

Le financement de l'opération ne devrait pas poser problème : Sanofi a publié hier des résultats en hausse pour le troisième trimestre, affichant un chiffre d'affaires en progression de 5,7 %, à 7,8 milliards d'euros, et un résultat net consolidé amélioré de 13,4 %, à 1,6 milliard. Il a également revu ses perspectives de profit à la hausse pour 2010, et table désormais sur une augmentation du bénéfice par action pouvant aller jusqu'à 2 %, contre une stagnation, ou, au pire, une baisse de 4 % maximum anticipée fin juillet.

Belle constance sur Genzyme

Sur neuf mois, le résultat net consolidé a même bondi de 24 %, à 5 milliards, malgré « une dépréciation de 279 millions d'euros (dont 171 millions au troisième trimestre) liée à certains produits, y compris Shan5 ». Qu'en est-il ? Alors que Sanofi se targue de pouvoir aider Genzyme, la biotech américaine qu'il convoite, à résoudre ses problèmes de production (« Les Echos » du 30 août), le groupe n'est pas exempt de problèmes industriels. En particulier sur ce vaccin indien dont il a hérité en acquérant Shantha auprès du holding familial d'Alain Mérieux, en juillet 2009. Alors que l'OMS avait passé un contrat de 340 millions de dollars couvrant les années 2010-2012, le vaccin a dû être retiré du marché en raison d'une mauvaise reconstitution du produit (« floculation ») liée au procédé de fabrication. La fabrication n'a toujours pas repris et le produit ne reviendra pas sur le marché avant 2013.

Chris Viehbacher a par ailleurs fait preuve d'une belle constance sur Genzyme. Alors que le titre du groupe américain s'échange à 72 dollars et que son patron réclame 89 dollars par action, le directeur général de Sanofi ne démord pas des 69 dollars proposés pour prendre le contrôle du spécialiste mondial des maladies rares. « Le prix de 89 dollars est totalement irréaliste ! Ce n'est qu'un calcul technique, obtenu en utilisant le même multiple que celui de notre offre, mais en incluant leurs nouvelles perspectives pour 2011. Ce n'est pas comme ça que l'on valorise une entreprise. Il n'existe aucune raison significative qui pourrait nous conduire à modifier notre offre », a-t-il expliqué hier.

LAURENCE BOLLACK

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