La Chine, dont l'excédent commercial ne cesse de croître, est accusée de sous-évaluer volontairement le yuan, tandis que les États-Unis sont critiqués pour faire baisser artificiellement le dollar afin d'aider leurs exportateurs.
Le chiffre est tombé hier comme un couperet, alors même que le sommet des pays du G20 s'ouvre ce matin à Séoul. Les exportations chinoises ont bondi en octobre de 22,9 % sur un an, à 135,98 milliards de dollars, tandis que ses importations ont augmenté de 25,3 %, à 108,83 milliards de dollars. Résultat, Pékin affiche un excédent commercial de 27,15 milliards de dollars, contre 16,88 milliards en septembre.
Il n'en faut pas plus pour que la Chine se retrouve en première ligne dans le collimateur du reste du monde. Washington, qui réclame une hausse du yuan, sous-évalué de 20 % à 40 % par rapport au dollar selon les Américains, a annoncé, hier également, un déficit commercial de 44 milliards de dollars pour le mois de septembre qui ne peut qu'apporter de l'eau à son moulin.
Mais les États-Unis sont également en accusation pour leur politique monétaire jugée trop laxiste. C'est pourquoi le président Barack Obama, à peine arrivé hier soir à Séoul, s'est senti obligé de réfuter les critiques selon lesquelles son pays veut affaiblir sa monnaie pour regagner des parts de marché à l'étranger. « La force du dollar repose sur la vigueur de l'économie américaine. Une reprise forte, créatrice d'emplois et de richesses, est le meilleur service que les États-Unis puissent rendre à l'économie mondiale », a-t-il précisé dans une lettre ouverte publiée dans la capitale sud-coréenne.
Tandis que le premier ministre britannique, David Cameron, qui s'exprimait depuis l'université de Pékin, demande à la Chine de « poursuivre l'ouverture de ses marchés et de travailler avec les autres pays du G20 à rééquilibrer l'économie mondiale », le président Hu Jintao botte en touche.
« Les fondations de la reprise ne sont pas assez solides et ses progrès ne sont pas bien répartis dans le monde », dit le numéro un chinois avant de préciser à l'agence Chine Nouvelle : « Il est nécessaire de respecter les caractéristiques de chaque pays, de même qu'il faut prendre en compte les intérêts de chacun. »
Pékin et Washington sont plus que jamais sur la sellette, alors même que les pays du G20, qui représentent ensemble près de 90 % de l'économie mondiale, arrivent à Séoul profondément divisés. Un projet de communiqué concocté par les représentants de leurs ministres de Finances, qui a nécessité un jour et demi de travail, n'a débouché que sur un texte sibyllin évoquant des « taux de change davantage déterminés par le marché » et hésitant entre la lutte contre les « dévaluations compétitives » et les « sous-évaluations compétitives ».
Discussions épineuses
De même, pour réduire les déséquilibres économiques, les États-Unis voudraient que les grands pays exportateurs limitent les excédents de leurs comptes courants, mais ces derniers, à commencer par la Chine et l'Allemagne, ne veulent pas entendre parler d'engagement chiffré.
Autant de raisons qui promettent, selon la chancelière allemande Angela Merkel, des « discussions épineuses », tandis que la ministre française de l'Économie, Christine Lagarde, est encore plus brutale. À ses yeux, la « guerre des monnaies » ne « sera pas réglée à Séoul ».
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