L'ex-ministre PS des Affaires étrangères ne croit pas à un accord systématique avec la Chine.
« La guerre des monnaies est en cours. » Le stade de la menace est donc déjà dépassé, pour Hubert Védrine, invité hier soir du « Talk Orange-Le Figaro ». Alors que Nicolas Sarkozy est aujourd'hui à Séoul pour le G20, le sommet des dirigeants des principaux pays riches et émergents, l'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères pointe les États-Unis « qui gèrent leur monnaie de façon économique, mais aussi politique, la Chine qui la gère de façon carrément politique et la zone euro qui la gère de façon, disons, idéaliste ». « Et ces entités, dit-il, utilisent la baisse de valeur des monnaies pour favoriser les exportations. »
Alors que la France hérite aujourd'hui de la présidence du G20, Hubert Védrine indique qu'elle proposera sans doute « la mise en place d'un système monétaire international ». « Le président ne peut pas escamoter la question, c'est une vieille position française, droite et gauche confondue... » Mais il prévient : le G20 « n'est pas un gouvernement du monde. Ce n'est pas une entité en soi. À l'intérieur, la compétition continue, chacun a sa propre stratégie, sujet par sujet. » Le mieux à espérer, estime-t-il, « c'est que les intérêts des principales entités convergent à peu près ». Pour Hubert Védrine, « c'est comme une infernale réunion de copropriétaires qui n'aurait pas de fin ».
Accords idéaux
Parmi eux : la Chine, sur laquelle « on ne peut pas faire l'impasse », reconnaît Védrine, soutenant pour partie la volonté du chef de l'État de miser sur cette puissance. « Mais on n'arrivera pas à un accord systématique avec la Chine, sur la monnaie par exemple, puisqu'ils sont largement une partie du problème », prévient-il. Pour lui, l'idéal, dans le G20, c'est « l'accord entre Européens, l'alliance avec les États-Unis aussi souvent que c'est possible, sujet par sujet, et un accord avec un ou deux des émergents ». « En commençant peut-être par les démocrates, précise-t-il, les Indiens, les Brésiliens, mais aussi la Chine. » Hubert Védrine indique qu'il faut « se protéger » du risque « complètement tragique » de voir l'Occident, « dans son Olympe », attaqué « par une coalition des émergents ».
À quelques jours du remaniement, il a en outre souhaité « bonne chance » au prochain ministre des Affaires étrangères, dont la marge de manoeuvre « est faible dans la pratique actuelle des institutions, c'est un euphémisme ».
Sophie De Ravinel
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