mardi 2 novembre 2010

La Chine contribue à la bonne santé de l'Afrique subsaharienne, selon le FMI

Le Monde - Economie, mercredi, 3 novembre 2010, p. 14

La solidité du développement économique de l'Afrique subsaharienne n'en finit pas de surprendre, et la Chine et l'Asie ne sont pas étrangères à cette résilience face à la récession mondiale.

Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé, mardi 2 novembre, qu'elle serait l'une des rares régions du monde à poursuivre son accélération en 2011 avec un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 5,5 %, succédant à un très honorable 5 % en 2010.

Le champion sera la République démocratique du Congo, qui relève d'un long effondrement (+ 10,6 % en 2010 et + 8,7 % en 2011), suivi de l'Ethiopie (+ 8 % et + 8,5 %). Le petit Liberia, longtemps martyrisé, connaîtra une accélération impressionnante (+ 6,3 % et + 9,5 %). Même les cinq pays les moins performants durant la crise devraient renouer avec la croissance, à savoir le Botswana, l'Erythrée, les Seychelles, le Tchad et le Zimbabwe.

Dépendances

Certes, les douloureuses politiques d'ajustements structurels des années 1990 avaient produit leurs fruits. " A la veille des chocs mondiaux de la période 2007-2009, la situation économique de la plupart des pays de la région était bonne : croissance régulière, inflation faible, solde budgétaire viable, réserves de change en hausse et dette publique en baisse ", se félicitent les experts du Fonds.

" Lorsque les chocs sont survenus, poursuivent-ils, ces pays ont pu manier avec adresse leurs politiques budgétaires et monétaires pour atténuer les effets négatifs du bouleversement soudain du commerce, des prix et des flux de financements internationaux. "

La modification de la structure des échanges commerciaux a joué également un rôle important. En 2009, la part de la Chine dans le total des exportations et des importations de l'Afrique subsaharienne était supérieure à celle de la plupart des autres pays. Comme le montre le graphique ci-dessus, cette part est passée de 3,4 % en 2000 à 13,6 % en 2009.

La part des exportations de l'Angola vers les pays en développement d'Asie a augmenté de 22 points entre 2005 et 2010 et atteint 50 %. Autre pays pétrolier, le Nigeria a profité de cette aspiration dans une moindre mesure, soit 6,75 points de mieux et 10,5 % des exportations vers l'Asie.

Le FMI en conclut que " la dépendance accrue de la région à l'égard de la demande des pays en développement d'Asie a certainement aidé à atténuer les effets de la crise financière mondiale et aidera à maintenir la croissance sur la trajectoire actuelle dans certains pays ".

Tout n'est pas rose pour autant et les statistiques font apparaître de grandes fragilités, comme en témoigne le recul du PIB réel par habitant à Madagascar (- 4,5 %) et en Erythrée (- 1,3 %) en 2010. Aucune sagesse budgétaire et aucune recette en provenance de matières premières ne résistent à l'instabilité politique.

Alain Faujas

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1 commentaires:

Lara a dit…

Un développement économique aussi fort n'a-t-il pas de repercussion déstabilisante sur tout le pays?