Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G20, qui se tient à Séoul (Corée du Sud), jeudi 11 et vendredi 12 novembre, est le cinquième depuis 2008 et le premier organisé dans un pays émergent. Il risque d'être plus agité que les précédents, tant les Etats-Unis et Barack Obama s'y trouvent en position d'accusés.
L'agence de notation d'Etat chinoise Dagong a dégradé la note du crédit américain, le 9 novembre, estimant que sa solvabilité se trouve " au bord du goufre ". Les " sherpas ", qui préparent les résolutions finales, ont du mal à rapprocher les points de vue, en raison des fortes critiques contre la politique budgétaire et monétaire laxiste des Etats-Unis et contre l'importance des excédents commerciaux chinois.
Depuis l'été, les afflux de capitaux dus aux croissances discordantes entre économies émergentes (en forme) et économies développées (anémiées) ont déclenché des turbulences entre les devises. Les réactions en ordre dispersé des membres du G20 pour éviter que l'appréciation de leur monnaie nuise à leur commerce extérieur font craindre une " guerre des monnaies ".
Le premier travail du G20 sera de convaincre ses membres de surveiller de près leurs déséquilibres macroéconomiques, par exemple la solidité de leur dette.
Depuis la réunion de leurs ministres des finances, le 23 octobre, ils ont décidé de confier au Fonds monétaire international (FMI) le soin de détecter les fortes anomalies de leur balance des biens et services, qu'il s'agisse d'excédents (Chine, Allemagne) ou de déficits (Etats-Unis).
Les objectifs chiffrés à ne pas dépasser - soit 4 % du produit intérieur brut (PIB) avancés par les Etats-Unis - n'ont pas été retenus.
C'est dans ce cadre qu'interviendront Juan Somavia, directeur du Bureau international du travail (BIT), et Angel Gurria, le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui plaident pour que les gouvernements ne retirent pas trop tôt leurs plans de soutien, afin de faire reculer le chômage.
Le deuxième thème sera celui des institutions financières internationales et, en particulier, la gouvernance du FMI. Les ministres des finances se sont accordés pour consolider sa légitimité par un doublement de son capital à 750 milliards de dollars (540 milliards d'euros) et par un transfert de 6 % des quotas et des droits de vote des pays surreprésentés vers les pays sous-représentés.
C'est ainsi que la Chine passe de la 9e place des contributeurs du Fonds, en 2006, à la 3e en 2011. D'autre part, les pays européens, qui occupent 9 sièges sur 24 au conseil d'administration, ont accepté d'en céder deux aux pays émergents sous-représentés. Le G20 se penchera sur le " filet de sécurité " que les pays émergents attendent du FMI, c'est-à-dire de nouveaux types de prêts aussi automatiques que possible pour les pays bien gérés.
Lutte contre la corruption
Le développement constituera le troisième thème. Les pays riches n'ont pas honoré leurs innombrables promesses d'accroître leurs aides aux pays en développement d'une cinquantaine de milliards de dollars par an. La crise a asséché les budgets. Pour trouver ces fonds sans lesquels de nombreux pays, notamment en Afrique, resteront en marge de la croissance, le G20 étudiera les " financements innovants ". Sur le modèle de la taxe française sur les billets d'avion, ils dégageraient des montants significatifs. M. Sarkozy défendra, avec l'appui des ONG, un projet de taxe sur les transactions financières.
Lors du déjeuner de vendredi, deux questions complexes seront au menu : l'achèvement de la négociation du cycle de Doha pilotée par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et destinée à libéraliser les échanges internationaux et le financement de la lutte contre le réchauffement climatique.
La cinquième réunion sera consacrée à la réforme de la régulation financière. Les dirigeants entérineront les propositions du Conseil de stabilité financière (CSF), dites de Bâle III, qui augmentent les minima de capital pour les banques ou leurs ratios de liquidités à respecter pour mieux résister aux crises. Selon le Financial Times du 10 novembre, une liste des 20 plus grandes banques dont la faillite aurait des répercussions mondiales est en préparation. La BNP et la Société générale y figureraient.
A l'issue de la sixième séance sur la lutte contre la corruption, Nicolas Sarkozy présentera les priorités de sa présidence : réforme du système monétaire international, amélioration de la gouvernance mondiale et apaisement de la volatilité des cours des matières premières.
Alain Faujas
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