Pékin met directement en cause la politique de la Fed. Il estime qu'en inondant le monde de liquidités, Washington ne joue pas collectif et accentue les déséquilibres mondiaux.
Les autorités chinoises ont opté, ces derniers mois, pour une mise en cause explicite de la politique économique des Etats-Unis. Puisque l'objectif du G20 est de résorber les grands déséquilibres économiques planétaires, pas un jour ne s'écoule, actuellement, sans qu'un officiel chinois ne pointe du doigt les répercussions négatives de la politique d'assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale américaine. Hier, c'est un vice-gouverneur de la Banque centrale, Ma Delun, qui est monté au créneau, lors d'un forum financier à Pékin. Les injections massives de liquidités décidées par la Banque centrale américaine « pourraient mettre la pression sur les marchés émergents » et « entraîner la formation de bulles d'actifs », a-t-il plaidé.
Effectivement, Zhang Ping, qui dirige la très puissante Commission nationale pour le développement et le réforme (NDRC), a prévenu, hier, que l'inflation chinoise risquait d'être, cette année, supérieure à l'objectif de 3 %. Les économistes tablent même sur un chiffre de 4 % pour les données mensuelles qui doivent être publiées ce jeudi. Pour Zhang Ping, là encore, les Etats-Unis sont en bonne partie responsables : le dollar faible et l'abondance de liquidités mondiales entraînent une hausse des cours des matières premières qui se traduit par « de l'inflation importée » dans l'empire du Milieu.
Quant au responsable du Conseil national pour le fonds de la sécurité sociale, Dai Xianglong, il a estimé, hier, qu'il faudrait encadrer les fluctuations_ du dollar. Avant d'appeler les Etats-Unis à limiter leur déficit public de manière à ne pas précipiter la chute de la valeur des bons du Trésor américain dont la Chine est le premier détenteur au monde.
Comme pour confirmer la réalité du risque que représente l'afflux de « hot money », l'administration d'Etat chargée du taux de change (SAFE) a annoncé, hier, qu'elle allait renforcer son contrôle sur les investissements en actions des entreprises étrangères.
Pour mettre toutes les chances de son côté de ne pas être montré du doigt, Pékin a enfin laissé le yuan s'apprécier fortement, hier. Un geste qui rappelle celui qui avait été fait juste avant le dernier G20, mais qui risque de lasser les Occidentaux par son caractère très temporaire et manifestement tactique. D'autant que les chiffres mensuels du commerce extérieur chinois, attendus aujourd'hui, risquent de prouver, une fois de plus, que la machine exportatrice nationale tourne à plein régime. Et que le yuan est donc sous-évalué.
Gabriel Grésillon
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