"Je fréquente la Chine depuis plus de trente ans et je peux vous dire que le marché chinois du BTP, hormis Hongkong, est inaccessible aux entreprises non chinoises. Les Chinois s'appuient sur un énorme marché intérieur, une devise sous-évaluée et de faibles coûts salariaux pour gagner des marchés. [...] Il y a distorsion de concurrence quand on les voit arriver sur des appels d'offres internationaux avec des prix inférieurs de 20 % aux nôtres. L'Europe, dans ce domaine, fait preuve de naïveté."
Ce n'est pas un souverainiste ni un vilain protectionniste qui a lancé une pareille diatribe, mais Martin Bouygues dans le mensuel Challenges. Aux Etats-Unis, les économistes débattent du protectionnisme et plusieurs hommes d'affaires s'élèvent contre l'absence de réciprocité qui marque les relations entre entreprises occidentales et chinoises. Tel est le cas de Jeffrey Immelt, PDG de General Electric, qui a quitté la Chine pour d'autres contrées asiatiques, ou d'André Grove, qui a longtemps dirigé Intel, partisan d'une guerre commerciale contre la Chine.
Mais le patron de Bouygues est l'un des rares en France à abandonner la langue de bois à propos de la Chine. La semaine dernière, lorsque le président chinois Hu Jinto a osé dénoncer le protectionnisme dans le Figaro, personne n'a cillé.
Il ne s'est pas trouvé un seul homme politique, de l'UMP (le "parti frère du PCC") au Parti de gauche (qui croit la Chine menacée par le Tibet), pour brocarder l'hypocrisie d'un président chinois qui n'a pas hésité à fermer son marché aux entreprises européennes et américaines afin de mener à bien l'immense plan de relance chinois de 450 milliards d'euros décidé après la dernière crise financière.
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