lundi 8 novembre 2010

Ombres chinoises sur les milliards d'euros de contrats - Jean-Claude Bourbon

La Croix, no. 38812 - Lundi, 8 novembre 2010, p. 12

La visite d'État du président chinois. Hu Jintao a été l'occasion de mirobolantes commandes .aux entreprises françaises, mais les montants affichés sont à manier avec soin.

Une vingtaine de milliards de dollars, soit un peu plus de 14 milliards d'euros, c'est le montant total des contrats signés par les entreprises françaises lors de la visite d'État de trois jours du président chinois Hu Jintao en France, achevée samedi. Ces chiffres doivent cependant être maniés avec précaution, car il ne s'agit pas uniquement de commandes fermes, mais aussi de promesses d'accords. Voire, comme c'est souvent le cas dans l'aéronautique, de contrats déjà passés.

Ainsi, sur la vente annoncée jeudi soir de 102 Airbus à des compagnies chinoises pour 9,85 milliards d'euros, seulement 66 appareils (cinquante A320, dix A350 et six A330) font réellement l'objet de nouveaux contrats. Les autres avaient déjà été vendus fin 2007. Le montant de la transaction est également largement surévalué, puisqu'il s'agit de prix catalogue, qui ne sont jamais ceux payés in fine par les compagnies.

Le conditionnel est aussi de rigueur dans l'accord signé entre Total et le chinois CPI pour la construction en Mongolie d'une usine pétrochimique à partir de charbon, d'un montant évalué entre 2 et 3 milliards. Les deux groupes ne parlent pour l'instant que d'une « lettre d'intention ».

Quelques beaux contrats ont néanmoins été signés. S'il n'a pas vendu deux nouveaux réacteurs EPR à l'électricien chinois CGNPC, Areva a conclu avec lui un contrat de fourniture de 20 000 tonnes d'uranium sur dix ans, pour 2,5 milliards d'euros. Le groupe nucléaire a par ailleurs signé un « accord industriel » avec CNCC, un autre électricien, pour construire une usine de retraitement. C'est la « dernière étape avant un contrat commercial », souligne-t-on chez Areva. Le groupe français pourrait par ailleurs ouvrir à un partenaire chinois l'exploitation de sa mine d'uranium d'Imouraren, au Niger, comme il l'avait fait l'an dernier avec le coréen Kepco.

Le marché chinois s'ouvre aussi à d'autres entreprises françaises. Dans les télécommunications, Alcatel Lucent va fournir des équipements à trois opérateurs chinois, d'une valeur de 1,17 milliard d'euros. Et dans le secteur financier, Groupama espère accélérer son développement en Chine, en créant une société commune d'assurance dommages avec le groupe Avic.

JEAN-CLAUDE BOURBON

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