Alors que la France prend la présidence du G20, le secrétaire d'État chargé des Affaires européennes analyse la place de notre pays sur la scène mondiale.Roms + retraites : le cocktail amer de ces neuf derniers mois a fait les délices des contempteurs de la France.
Parce qu'elle cherchait simplement à faire respecter le droit chez elle, on alla jusqu'à comparer la France à l'Allemagne nazie. Et, par un tour de passe-passe d'une rare perversité, on décréta que la France devrait dorénavant prendre en charge, chez elle, autant de citoyens roms d'Europe de l'Est que certains nouveaux membres de l'UE voulaient bien nous envoyer!
De même, parce que la France visait à sauver son système de retraites par répartition, en reportant l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans (contre 65, voire 67, dans le reste de l'Union), les mêmes, souvent, voulurent à tout prix démontrer que la République menaçait de se transformer en une jungle sociale dominée par l'injustice et la misère. Le tout en ciblant en permanence la personne même du président de la République.
En cette mi-novembre, la bonne nouvelle est que la France est toujours là. Son prestige international intact, elle est plus que jamais la « nation indispensable » à l'Europe et à l'architecture du monde de demain. En l'espace de quelques semaines, la diplomatie française a organisé avec l'Allemagne le sauvetage de la zone euro; avec le Royaume-Uni, instauré une défense européenne commune; avec la Chine, jeté les bases d'une réforme du système monétaire mondial en vue de la présidence française du G20, avant de travailler, à Lisbonne, à la refonte de l'Otan et des relations euro-américaines.
Le sauvetage de l'euro tout d'abord : alors qu'au printemps dernier les assauts des spéculateurs avaient conduit notre monnaie commune à la crise la plus grave qu'elle ait connue depuis sa création, le président de la République et la chancelière allemande ont su convaincre leurs homologues européens pour construire, ensemble, les pare-feu nécessaires. C'est encore la France et l'Allemagne qui, par une déclaration conjointe adoptée à Deauville le 18 octobre dernier, ont été à l'origine des décisions historiques prises par le dernier Conseil européen, qui consacrent la mise en place d'un véritable gouvernement économique européen : renforcement des disciplines budgétaires et financières des États de la zone euro; pérennisation du mécanisme européen de stabilisation financière, embryon d'un futur « fonds monétaire européen »; meilleure coordination des politiques économiques nationales.
Relance de l'Europe de la défense ensuite : c'est également sous l'impulsion du président de la République que l'Europe accomplit, aujourd'hui, des progrès sans précédent dans le domaine de la défense, là où tout le monde pensait et disait que « c'était impossible ». La portée du nouveau traité de défense et de sécurité conclu le 2 novembre dernier entre le président de la République et le premier ministre britannique est historique : ce texte prévoit le lancement d'une force expéditionnaire franco-britannique, il ouvre aux aéronefs britanniques et français la possibilité d'opérer à partir des porte-avions des deux pays et étend notre coopération à toute une série de programmes militaires majeurs y compris, pour la première fois, dans le domaine nucléaire. Je rappelle que la France et la Grande-Bretagne représentent, aujourd'hui, 50 % de l'effort de défense et des capacités militaires en Europe. Notre objectif partagé est que les Européens assument toute leur part du fardeau de la sécurité commune, et que se développent en Europe des industries de défense compétitives, seule condition de leur survie. Si le Royaume-Uni et la France sont plus forts ensemble, c'est la sécurité de notre continent qui en sort renforcée.
Mais la France est aussi en initiative au niveau global : c'est le G20 lui-même, dont Nicolas Sarkozy a été à l'origine, face à la crise mondiale; c'est aussi, bien sûr, la présidence française de ce G20, pour laquelle le président de la République a fixé trois priorités : la réforme du système monétaire international, la réduction de la volatilité des prix des matières premières, enfin, la réforme de la gouvernance mondiale. Lorsque le président a évoqué ces thèmes, il y a plus d'un an, il était bien le seul à le faire, et le scepticisme était de mise : « Pourquoi parler des taux de changes, comment faire, on n'y arrivera jamais, la Chine ne voudra jamais en parler, etc. » Combien de fois ai-je dû répondre à ces commentaires ou à ces questions! Or, que constate-t-on? Que le président chinois Hu Jintao a apporté, à l'occasion de sa visite en France, tout son soutien à la future présidence française du G20 et à ses objectifs.
Ces avancées, cette ambition, n'ont été rendues possibles que par l'engagement personnel du président de la République, en lien avec nos partenaires, au premier rang desquels l'Allemagne. Comme disait le général de Gaulle, que la nation célèbre ces jours-ci : « Les grands pays le sont pour l'avoir voulu. » Alors, laissons là les déclinistes et autres procureurs de la France, et avançons.
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