Les Echos, no. 20799 - Une, vendredi, 5 novembre 2010, p. 1
14 milliards d'euros de contrats signés entre la France et la Chine
Commerce. Areva, Airbus, Total et d'autres ont signé hier plusieurs très gros contrats à l'occasion de la visite en France du président chinois, Hu Jintao (ici en photo à son arrivée à l'Elysée), reçu avec les plus grands honneurs par le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy. Une deuxième cérémonie de signatures est prévue ce matin au Medef.
Paris et Pékin scellent de très gros contrats pour 14 milliards d'euros La visite d'Etat du président chinois, Hu Jintao, en France s'est soldée, hier soir, par la signature d'une première série de gros contrats qui vont du nucléaire à l'aéronautique en passant par les télécommunications. Ce qui se prépare est « très lourd », promettait hier matin le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy. Les contrats signés hier soir entre la France et la Chine à l'occasion de la visite d'Etat du président Hu Jintao sont en effet d'une ampleur significative. Avec un montant annoncé de 20 milliards de dollars (14 milliards d'euros), selon la vice-ministre chinoise des Affaires étrangères, Fu Ying. Mais l'affichage tend parfois à gonfler la réalité. Huit accords et contrats ont été signés hier et de 16 à 18 autres le seront aujourd'hui, a indiqué Fu Ying. Tapis rouge, escorte de gardes républicains à cheval, accueil à l'aéroport d'Orly par le chef de l'Etat et son épouse : l'Elysée n'a pas ménagé ses efforts pour soigner son hôte. Tout a été fait pour éviter la confrontation avec la Chine. Une attitude critiquée par les ONG, qui parlaient, hier, de « scandale » et de « reniement ». Une deuxième cérémonie de signatures aura lieu ce matin, au Medef, autour du ministre chinois du Commerce, Chen Deming, et, côté français, de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, et de la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac. Le président chinois s'envole ce matin pour Nice, où il aura de nouveaux entretiens avec Nicolas Sarkozy. Les plus gros contrats signés concernent Airbus, Areva et Total. fourniture d'uranium : 3,5 milliards d'euros Le contrat sur la fourniture d'uranium entre Areva et la Chine s'élève à 3,5 milliards de dollars environ sur dix ans et porte sur 20.000 tonnes. S'ajoute à cela un accord de coopération entre Areva et CNNC sur le traitement et le recyclage. Le document signé hier constitue, selon Areva, « la dernière étape » avant la formalisation d'un contrat commercial. Les autorités des deux pays avaient fait une déclaration commune en décembre 2009 autorisant CNNC et Areva à entamer des négociations détaillées. A terme, l'objectif est de construire une usine cumulant des activités de traitement et de recyclage du combustible nucléaire pour un contrat censé représenter de15 à 20 milliards d'euros. Aucun contrat ni lettre d'intention n'a en revanche été signé sur les deux prochains EPR à Taishan, contrairement aux attentes. airbus : 66 nouvelles commandes La Chine achète 66 nouveaux Airbus, dont 50 A320, 6 A330 et 10 A350WB. L'Elysée annonçait hier 4 contrats avec les compagnies aériennes chinoises CASC, Air China, China Eastern et China Southern, portant sur 102 avions pour 14 milliards de dollars. Mais 36 d'entre eux correspondent en fait à d'anciennes annonces. alcatel-lucent : 1,2 milliard d'euros pour les télécoms Alcatel-Lucent a annoncé la signature de contrats-cadres d'une valeur totale de 1,2 milliard d'euros portant sur la fourniture d'équipements de réseaux aux opérateurs China Mobile, China Telecom et China Unicom. groupama se rapproche d'aviation industry corporation of china L'assureur Groupama, qui veut passer la vitesse supérieure en Chine, a signé hier un protocole d'intention avec Aviation Industry Corporation of China (Avic) pour créer une coentreprise en assurance de biens et de responsabilité. L'objectif de cette nouvelle société est « de devenir l'un des principaux acteurs sur le segment des entreprises, des particuliers et des assurances agricoles », explique le groupe mutualiste, qui détiendra 50 % du joint-venture. L'accord doit être signé d'ici au31 décembre prochain. La Chine représente le premier déficit commercial pour la France Huitième client des entreprises hexagonales, la Chine est aussi et surtout le deuxième fournisseur du pays, juste derrière l'Allemagne. Les mégacontrats annoncés hier à Paris sont certes révélateurs de la forte croissance des exportations françaises vers la Chine mais ne doivent pas pour autant cacher le très net déséquilibre des relations commerciales entre les deux pays. Huitième client des entreprises hexagonales, l'empire du Milieu est aussi et surtout le deuxième fournisseur du pays, juste derrière l'Allemagne. Dit autrement, la Chine a compté pour 3,6 % seulement de nos exportations au cours des douze derniers mois mais pour 8 % de nos importations. Résultat, le déficit des échanges commerciaux est abyssal : il était de 20 milliards d'euros l'an dernier (Chine continentale et Hong Kong), à peu près autant qu'en 2008 et sera sans doute du même ordre de grandeur cette année. Celui-ci n'a cessé de se creuser au fil des ans, la croissance des achats à la Chine progressant bien plus rapidement que les ventes : le déficit avec la Chine n'était « que » de 5,7 milliards en 2000. Il a donc quasiment quadruplé en l'espace d'une décennie. Désormais, la Chine est le premier déficit commercial français, devant l'Allemagne et la Belgique. « Cette détérioration renvoie plus particulièrement à la vive progression des importations de produits informatiques, électroniques et optiques, désormais assemblés en Chine », indiquent les Douanes dans une étude publiée au printemps. Si les Français sont toujours friands du textile chinois, la moitié du déficit bilatéral s'expliquait l'an dernier par ces achats informatiques. « Un téléphone portable sur deux achetés en France est fabriqué en Chine et trois ordinateurs portables sur quatre », rappellent les Douanes. Produits à forte valeur ajoutée Dans l'autre sens, les exportations françaises se composent principalement de produits à forte valeur ajoutée : l'aéronautique a représenté le quart des ventes vers la Chine au cours des dix dernières années et plus de 30 % au premier semestre 2010. La pharmacie, la chimie, les machines et équipements ainsi que les vins et spiritueux ont également vu leur poids augmenter au cours des dernières années. Si la France profite du dynamisme chinois (les exportations ont bondi de 37,5 % au premier semestre), elle reste nettement moins tournée vers l'empire du Milieu que son voisin allemand, dont la spécialisation dans l'automobile ou les machines-outils semble plus en phase avec la demande actuelle. A 9,6 % en 2009, la part de la France dans les exportations des pays de l'Union européenne vers la Chine a baissé au cours des dernières années, au profit de l'Allemagne. Reste que l'analyse des liens économiques avec la Chine ne dépend pas seulement des chiffres du commerce extérieur. « Fin 2008, il y avait plus de 2.000 implantations françaises réalisées par 1.000 entreprises », note Bercy. Ces implantations ont généré localement un chiffre d'affaires d'environ 25 milliards d'euros fin 2007, en hausse de 10 %. La Chine est désormais le troisième terrain d'implantation des entreprises hexagonales, après les Etats-Unis et l'Allemagne. FRANçOIS GODEMENT, DIRECTEUR D'ASIA CENTRE, à SCIENCE PO Que vous inspire cette pluie de contrats annoncés entre la France et la Chine ? C'est un geste politique fort de la part de la Chine que d'avoir regroupé ces contrats pour les valoriser à l'occasion de la visite de Hu Jintao. Ce qui est frappant, c'est que la France reste dans son rôle économique traditionnel. En Grèce, les Chinois achètent de la dette. En Italie, ils signent des contrats d'investissements dans les infrastructures. La Chine s'adapte à chaque partenaire européen. Ce qui me préoccupe, c'est de savoir si la France est capable, comme l'Allemagne, de maintenir une certaine dualité vis-à-vis de la Chine, c'est-à-dire si elle peut maintenir sa personnalité politique et entretenir un dialogue politique qui ne soit pas uniquement un appui à des contrats et si elle peut jouer le rôle de partenaire économique sans oublier la politique européenne. La logique bilatérale affaiblit-elle la politique européenne ? L'offre chinoise bilatérale peut affaiblir la logique commune européenne. Chaque pays trouve son avantage et voit moins d'intérêt à une démarche commune. L'Allemagne réussit à développer ses propres intérêts tout en participant à une logique européenne. Mais, pour la France, on peut se demander si l'offre bilatérale ne l'affaiblit pas un peu. Il n'est pas anormal que la France avance les intérêts de ses champions industriels tout en participant à une politique européenne. Mais il ne faut pas que l'un affecte l'autre. Il y a, certes, des affaires à faire et des échanges à équilibrer avec la Chine, mais aussi des revendications de fond qui ne peuvent qu'être négociées à l'échelle européenne. Il faut plus de coordination et d'harmonisation et ne pas donner le sentiment que la Chine pourrait compter sur des positions très divergentes entre pays européens. Le sentiment d'unité est important. Or, l'Europe ne parle pas encore d'une seule voix. Quelles différences observez-vous entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ? La chancelière allemande parle beaucoup de réciprocité commerciale, d'ouverture des marchés publics. Elle s'est montrée très préoccupée de certaines avancées chinoises en Europe de l'Est, par exemple en Pologne. Tandis que Nicolas Sarkozy met l'accent sur la gouvernance dans le cadre du G20. Or ce n'est pas parce qu'on fait une concession unilatérale à la Chine en renforçant le droit de vote des émergents dans le système international, par exemple, que la Chine, elle, fait des concessions. Angela Merkel est en pointe dans un domaine, Nicolas Sarkozy dans l'autre. Une autre divergence est apparue entre Paris et Berlin à l'occasion de l'attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo : Angela Merkel a fait une déclaration sans ambiguïté en demandant sa libération, tandis que Nicolas Sarkozy ne s'est pas exprimé. l'Humanité - Monde, vendredi, 5 novembre 2010 Après sa visite en France, le président chinois se rendra au Portugal. Pékin affirme sa présence en Europe, notamment en achetant des bons du Trésor des pays en crise. Certains états espèrent attirer les investissements des groupes chinois. «Il n'y a pas de conflit d'intérêt entre l'Union européenne et la Chine mais une complémentarité entre les deux parties, la Chine va oeuvrer pour poursuivre son ouverture » vers l'Europe, déclarait au pied de l'Acropole le premier ministre chinois, Wen Jiabao, début octobre à la veille du sommet sino-européen à Bruxelles. La tournée que vient d'entamer hier le président Hu Jintao en France (voir page 7) puis au Portugal confirme l'intérêt chinois pour le Vieux Continent. Pékin est le deuxième partenaire commercial de l'Europe, laquelle est depuis ce printemps son principal partenaire devant les États-Unis. Surtout, l'UE est le premier fournisseur de technologies pour la Chine et sa quatrième source d'investissement. Pourtant, cet intérêt chinois se décline sur deux temps. Sur le plan politique, Pékin tient à une approche globale de l'entité européenne pour contrebalancer le tandem Chine-États-Unis, médiatiquement réduit à un futur G2 que redoute la direction chinoise. Il en est autrement du versant économique et commercial. La Chine veut privilégier des relations bilatérales avec chacun des membres de l'UE. Ce qui lui permettrait par la suite de renforcer, comme le dit Li Weiwei, chercheur à l'Institut des études internationales de Chine, le « dialogue stratégique », dans un souci de se faire entendre par Bruxelles. « Je suis convaincu qu'une Europe forte est irremplaçable (...), la Chine veut promouvoir et renforcer la relation stratégique avec l'UE », a répété le chef du gouvernement chinois. La crise financière, le regain de tensions dans les relations sino-américaines sont autant d'occasions pour Pékin de se déployer sur le continent européen et de démarquer même du billet vert qui constitue l'essentiel de ses énormes réserves de change (plus de 2 500 milliards de dollars). Devenir un recours pour les pays européens les plus en crise et mal traités par leurs partenaires de l'UE et les instances financières internationales est doublement rentable, politiquement et financièrement, pour Pékin. Comme Wen Jiabao l'avait fait lors de son voyage en Europe, Hu Jintao ne manquera pas de rappeler à Paris et à Lisbonne que la Chine s'est comportée en « amie » avec la Grèce, l'Espagne, l'Italie et d'autres pays en difficulté. « Nous voulons faire un grand effort pour soutenir les pays de la zone euro », rappelait le premier ministre chinois, à Athènes, en annonçant la création d'un fonds de 3,6 milliards d'euros et en s'engageant à racheter des obligations dès que ce pays, qui se débat pour retrouver sa crédibilité budgétaire après avoir frôlé la faillite en mai, reviendra sur les marchés financiers. Même chose serait fait en Espagne et au Portugal. Pékin a déjà racheté 625 millions de dollars (près de 445 millions d'euros) de dette espagnole. La Chine cible en particulier les infrastructures routières et les secteurs d'activité des pays en difficulté, concentrant ses efforts sur les ports grecs et italiens ainsi que sur les autoroutes reliant l'Europe de l'Est à l'Allemagne et à la Turquie. La Hongrie et l'Irlande jouent aussi les sirènes pour attirer les investisseurs chinois dans l'espoir qu'ils créent des milliers d'emplois. Durement frappé, Dublin attend beaucoup de la promesse de construire un centre de fabrication de produits locaux, évalué à 48 millions d'euros, dans la ville d'Athlone, qui pourrait créer 8 000 emplois. L'Europe de l'Est n'est pas oubliée. Mercredi, le président du CCPPC (Comité national de la conférence consultative politique du peuple chinois), Jia Qinglin, a entériné à Varsovie deux grands accords commerciaux : l'un entre le producteur polonais de cuivre KGHM et China Mine Metal, l'autre entre le chimiste Ciech et Sinochem Plastics. Au Portugal, autre pays à fort, où Hu Jintao va se rendre après la France, la Chine, qui a récupéré Macao il y a tout juste onze ans, lorgne sur les liens économiques très forts qui lient ce pays à l'Afrique et à l'Amérique latine. Lisbonne, qui a adopté un budget d'austérité sans précédent, a tout juste levé mercredi plus de 1 milliard d'euros de bons du Trésor. Pékin est prêt à y pendre ses parts. Placer en Europe une partie de ses économies plutôt que dans des bons à court terme du Trésor américain, peu rentables, sert à la Chine pour diversifier son portefeuille. C'est aussi un gros caillou dans la botte américaine. En contrepartie, elle exhorte les dirigeants de la région à ne pas « faire pression sur elle en ce qui concerne l'évaluation du yuan », à lui reconnaître le statut d'économie de marché, à lever les restrictions aux exportations de hautes technologies (l'embargo sur la haute technologie est en place depuis 1989 et n'est toujours pas supprimé) et à s'opposer à tout protectionnisme commercial. Le président chinois, Hu Jintao, est arrivé hier à Paris, pour une visite importante à quelques jours du sommet du G20. Le président chinois, Hu Jintao, est arrivé jeudi à la mi-journée en France pour une visite d'État de trois jours qui doit officiellement mettre fin à la brouille entre les deux pays depuis 2008. Le différend avait provoqué une suspension de nombreuses négociations économiques entre les entreprises françaises et chinoises. La visite du chef de l'État chinois, décriée par les associations de défense des droits de l'homme, devait se solder, hier soir, par la signature de toute une série d'accords commerciaux. Airbus s'attendait à vendre une centaine d'appareils, notamment l'A350, seul avion de la gamme du constructeur aéronautique qui manque à la Chine. Areva, en plus de deux exemplaires supplémentaires de son réacteur EPR, espérait fournir pour 3 milliards d'euros d'uranium à l'électricien chinois CGNPC. Enfin, Total a signé une lettre d'intention avec le partenaire chinois China Power International Development, en vue d'une coopération en matière de charbon propre. Prenant la présidence du G20 qui va se réunir à Séoul, la semaine prochaine, le président français compte sur le soutien de Pékin pour faire avancer son projet de réforme du système monétaire international. L'objectif de l'Élysée est de préparer le terrain avec le numéro un chinois à l'approche du G20, en évitant de limiter la question des changes à celle du yuan et en évoquant le rôle hégémonique du dollar. À plusieurs reprises, Pékin a publiquement dénoncé un système actuel trop dépendant du dollar, en tant que première monnaie de réserve pour les banques. En 2009, le gouverneur de la Banque de Chine, Zhou Xiachan, avait même proposé de faire des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international une monnaie de réserve « déconnectée des nations individuelles ». Le Figaro, no. 20610 - Le Figaro, vendredi, 5 novembre 2010, p. 6 Comme prévu, les groupes français engrangent les contrats avec la Chine. Selon l'Élysée, ils vont signer 20 contrats, lettres d'intention ou accords de coopération pour un montant total de 16 milliards d'euros lors de la visite de trois jours du président chinois. Plusieurs grandes entreprises ont annoncé hier les premiers succès dans des domaines aussi divers que l'aéronautique, l'énergie et l'assurance lors d'une cérémonie à l'Élysée. Anne Lauvergeon, qui dirige Areva, Christophe de Margerie, PDG de Total, Louis Gallois, président d'EADS et Thomas Enders, président d'Airbus étaient présents. Le constructeur aéronautique Airbus, qui est déjà solidement implanté dans l'empire du Milieu, a vendu 102 avions pour un montant de 14 milliards de dollars. Il va fournir 50 A320, 42 A330 et 10 A350. « C'est un très bon contrat, très porteur », a assuré Louis Gallois. La filiale d'EADS a signé avec un loueur chinois d'avions et les quatre compagnies aériennes CASC, Air China, China Eastern, et China Southern. Cette dernière, qui est la première compagnie aérienne d'Asie et qui possède la plus importante flotte d'appareils, a commandé 36 avions pour 3,78 milliards de dollars. Dans le nucléaire, Areva va fournir à son partenaire traditionnel, l'électricien chinois CGNPC, 20 000 tonnes d'uranium sur dix ans. Le montant du contrat, qualifié de « géant » par le groupe français, atteint 3,5 milliards de dollars. Areva a aussi signé avec son autre partenaire CNCC un accord industriel dans le domaine du traitement-recyclage des combustibles usés. Il s'agit d'une avancée importante dans la perspective de la livraison d'une usine de retraitement des déchets nucléaires comparable à celle de la Hague en France. « Ces accords sont majeurs. Ils représentent une nouvelle étape dans les relations entre Areva et ses partenaires chinois. Grâce à son modèle intégré, le groupe consolide ses positions stratégiques sur le premier marché nucléaire mondial », s'est félicitée Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva. Le groupe français vise désormais plus que jamais le marché très attractif des nouveaux réacteurs. Selon l'Élysée, un groupe chinois pourrait prendre une participation dans l'une des mines d'uranium du groupe français. Toujours dans l'énergie, Total a signé une lettre d'intention relative à un projet pétrochimique du charbon, en Mongolie-Intérieure. Il s'agit d'un projet particulièrement innovant. L'assureur Groupama et le principal constructeur aéronautique chinois China Aviation Industry Corporation (Avic) vont créer une société commune dans l'assurance de biens et de responsabilité en Chine. Le protocole d'intention prévoit la conclusion de l'accord avant le 31 décembre. La coentreprise, spécialisée dans l'assurance non-vie, sera détenue à égalité. Elle a pour objectif de devenir l'un des principaux acteurs sur le marché chinois des entreprises, des particuliers et des assurances agricoles. Enfin, Alstom a remporté un contrat d'une valeur d'environ 50 millions d'euros pour la fourniture d'équipements destinés à un nouveau barrage dans le sud-est de la Chine. D'autres contrats vont être annoncés aujourd'hui. Alcatel-Lucent, l'industriel spécialisé dans les télécommunications remporte ainsi trois contrats avec les opérateurs China Mobile, China Telecom et China Unicom pour une valeur totale de 1,1 milliard d'euros. « La Chine est un marché en pleine croissance », souligne Ben Verwaayen, directeur général d'Alcatel-Lucent. DIPLOMATIE Sourire aux lèvres, Hu Jintao descend lentement les marches de la passerelle du Boeing d'Air China qui vient de s'immobiliser devant le pavillon d'honneur d'Orly. Son épouse, Liu Yongqing, manteau parme et écharpe assortie, est à ses côtés, quelques pas en arrière. Au pied de l'appareil, sur le tapis rouge, Nicolas Sarkozy, tenue sombre comme son hôte et Carla, redingote noire éclairée de gros boutons d'argent, sont là pour les accueillir. Une attention « exceptionnelle », a souligné l'Élysée. Il est 13 h 30 : seul le soleil n'est pas au rendez-vous. Pour le reste, le protocole s'est déployé tous azimuts pour assurer à cette visite d'État, la deuxième que Hu Jintao effectue en France, après celle de 2004, tous les fastes de l'accueil républicain. Honneurs militaires aux soldats des trois armes puis le cortège de voitures noires, interminable, s'ébranle. Direction les Invalides. Devant le Grand Palais, une petite foule s'est massée derrière les barrières. La communauté chinoise a fait le déplacement. Des drapeaux des deux pays s'agitent. Vitre mi-baissée, Hu Jintao, sans se départir de son timide sourire, répond par quelques saluts. Sur le pont Alexandre-III, les touristes étonnés tiennent « la » photo du jour. Le spectacle, de fait, n'est pas courant : la garde républicaine à cheval et à moto, en grand apparat, escortant la limousine du président chinois jusqu'à l'hôtel George V, où il résidera durant sa visite. Les Champs-Élysées pavoisés sont à deux pas : ce matin, le président chinois les remontera avant de ranimer la flamme du soldat inconnu. À Paris, on se félicite que Hu Jintao ait consacré à la France la première étape d'une tournée européenne qui le mènera ensuite à Lisbonne. Le temps de la brouille est bien loin. En 2008, l'accueil agité de la flamme olympique à Paris et la poignée de main de Nicolas Sarkozy au dalaï-lama avaient courroucé les Chinois. La page est tournée. Et cette visite, à une semaine du G20 de Séoul, n'aurait pu mieux tomber. Autre coïncidence, elle survient au lendemain des déboires électoraux de Barack Obama. De fait, Paris accueille sans doute le personnage le plus puissant de la planète. C'est d'ailleurs le titre que vient de lui accorder le magazine Forbes en le plaçant en tête de son classement. Depuis sa dernière visite, la Chine de Hu Jintao a fait un autre bond en avant, devenant la deuxième puissance mondiale devant le Japon. L'homme et son singulier destin illustrent l'énigme des arcanes du pouvoir chinois. Car à 68 ans, l'affable et impeccable Hu, fils d'un marchand de thé de Shanghaï, tôt orphelin et élevé par ses grands-parents, a longtemps été l'archétype de l'apparatchik obéissant et zélé. Parrainé par un secrétaire du Parti (dans le Gansu, l'une des provinces les plus pauvres du pays) qui a l'oreille de Deng Xiaoping, l'ingénieur en hydraulique devient technocrate et entame sa carrière foudroyante. C'était juste au moment où le « petit timonier » cherchait du sang neuf pour mettre en oeuvre ses réformes. Hier à 17 heures, le président chinois pénètre dans la cour de l'Élysée, éclairée de tous ses feux. Premier entretien entre les deux chefs d'État, consacré aux dossiers bilatéraux. Suivra la signature d'une série de contrats - leur montant est « de loin plus important que lors des précédentes visites de dirigeants européens à Pékin ou chinois à l'étranger », avait-on lâché à l'Élysée. Contraintes protocolaires À 19 h 30, les premiers invités en smoking et robes longues montent les marches du grand escalier du palais pour se rendre au dîner d'État. Les toasts devaient être les seules prises de parole publiques des deux dirigeants durant cette visite. Compte tenu de la perspective de la présidence française du G20 et des lourds dossiers à l'agenda, Nicolas Sarkozy souhaitait disposer de suffisamment de temps pour des entretiens approfondis. Les à-côtés ont été réduits à la portion congrue par les contraintes protocolaires. Un passage par l'atelier du peintre et sculpteur Richard Texier, dont les oeuvres sont présentes en Chine et qu'apprécie Hu Jintao, n'a pu être mis sur pied. Le président chinois tenait en revanche absolument à se rendre sur la Côte d'Azur. Dans un cadre plus informel, les deux chefs d'État poursuivront donc leurs discussions, lors d'un entretien suivi d'un dîner, aujourd'hui à Nice. La visite d'État du président Hu Jintao offre l'occasion d'une réconciliation définitive entre la France et la Chine, qui, depuis 1964, n'auraient jamais dû perdre de vue leurs intérêts communs sur la scène mondiale. Ce voyage n'a été décidé par Pékin que le 27 septembre dernier. Il s'inscrit donc, pour la Chine, dans les préparatifs du sommet du G20, à Séoul, rencontre qui, dans une semaine, ouvrira la présidence française de la principale instance de la nouvelle gouvernance mondiale. Le calendrier est particulièrement important, parce que Nicolas Sarkozy compte beaucoup sur sa présidence du G20, qui s'achèvera dans un an au moment précis où il songera à sa réélection. Le chef de l'État s'est choisi des objectifs ambitieux : la réforme du système monétaire international, la régulation de l'excessive volatilité des prix des matières premières et la gouvernance mondiale. Sur chacun de ces sujets, l'appui de la Chine sera décisif. Depuis la crise entre Paris et Pékin à propos du Tibet, qui avait précédé les Jeux olympiques de Pékin en 2008, la confiance est revenue de part et d'autre. La France ne peut rester à l'écart du premier marché mondial, où se dessine l'avenir des grandes entreprises internationales, dans l'automobile, l'aéronautique, l'énergie, les infrastructures, les produits de consommation... Depuis 2008, les effets de la crise ne sont pas étrangers au nouveau réalisme de nos relations avec Pékin. Au lieu de céder aux critiques faciles, ou bien à la crainte d'un « péril jaune » plus imaginé que réel, l'heure est venue de s'attaquer, sans états d'âme, aux défis que nous présente la Chine. La France n'est pas dépourvue d'atouts. La moisson de contrats annoncée hier est là pour le rappeler. Mais puisqu'il s'agit aussi du G20, l'occasion est venue de rappeler que les relations privilégiées établies il y a quarante-six ans entre Paris et Pékin ne se limitent pas aux affaires commerciales. Sur la scène mondiale, les convergences ne manquent pas. Elles se manifesteront au sein du G20, où la Chine est décidée à défendre ses intérêts sans se laisser enfermer dans un face-à-face trop exclusif avec les États-Unis. Nicolas Sarkozy a une carte chinoise à jouer s'il peut convaincre Hu Jintao de jouer la carte de la France. ALSTOM a remporté hier un contrat d'environ 50 millions d'euros pour la fourniture d'équipements destinés au barrage de Xiajiang, en cours de construction sur les rives du Gan Jiang, dans le sud-est de la Chine. Ces équipements seront fabriqués dans le nouveau site de production de turbines hydroélectriques Alstom Hydro China, inauguré hier à Tianjin, à l'est de Pékin. L'usine, implantée dans la zone de développement de Binhai, prendra le relais de l'ancien site, construit en 1995 à 26 kilomètres de là, avec une capacité augmentée de 25 %. En 2013, elle sera capable de produire jusqu'à trente turbines par an, de puissances allant de 20 à 1 000 mégawatts, en faisant la plus importante plate-forme de production de la compagnie dans le monde. Alstom Hydro China répondra en priorité aux besoins énergétiques croissants de la Chine, où le groupe détient entre 20 % et 25 % de parts de marché. Alstom Power a participé à la construction du barrage des Trois-Gorges et livré quatre turbines hydrauliques d'une puissance de 800 mégawatts chacune à la centrale de Xiangjiaba, dans le sud du pays. Turbines nucléaires De nouveaux projets pharaoniques devraient voir le jour. Le gouvernement fait des énergies renouvelables une priorité de son plan quinquennal 2011-2015. Premier producteur mondial d'hydroélectricité, l'empire du Milieu devrait totaliser une capacité de 380 gigawatts d'ici à 2020, contre 200 gigawatts aujourd'hui. L'usine de Binhai ne fournira pas exclusivement la Chine. Le Brésil, l'Afrique et plusieurs pays d'Asie pourront être livrés. Mais la région reste au coeur de toutes les attentions du groupe. « Près de 60 % de notre marché est en Asie », précise Philippe Joubert, président d'Alstom Power. Ce dernier ne compte pas réserver les efforts du groupe en Chine à l'hydraulique. Alstom Power est très présent sur le nucléaire, avec 50 % des turbines (en termes de capacité installée) du pays. La volonté chinoise de développer une technologie nucléaire en propre n'inquiète pas le français outre mesure. « Nous sommes capables d'équiper tous les types de centrales », assure Philippe Joubert. Autre axe de développement, la capture de dioxyde de carbone, secteur dans lequel Alstom mène des discussions avec de possibles partenaires chinois. Libération, no. 9170 - Économie, vendredi, 5 novembre 2010, p. 16 Les courbettes de Nicolas Sarkozy ont payé. Le président de la République avait tout fait pour calmer la colère de Pékin suite à sa rencontre avec le dalaï-lama fin 2008. D'où son silence sur les droits de l'homme et l'attribution du prix de Nobel de la paix à Liu Xiaobo. «Ce n'est pas en reprochant aux gens les choses qu'on fait avancer les dossiers», A-t-il justifié. Il a été récompensé. Au premier jour de sa visite en France, le président Hu Jintao a accordé, hier, une première salve de contrats pour Airbus, Areva, Alcatel ou Total. Il y en aura, au total, pour 16 milliards d'euros, selon l'Elysée... mais seulement 14 milliards, selon les Chinois. Hu Jintao a apporté un deuxième cadeau : son «soutien entier à la présidence française du G20» qui commence le 13 novembre après le sommet de Séoul. Nicolas Sarkozy a absolument besoin de Pékin pour faire avancer ses priorités, comme la gouvernance mondiale ou la réforme du système monétaire international. Reste l'épineuse question de la guerre des monnaies, la Chine restant sourde aux pressions occidentales pour réévaluer le yuan, qui dope ses exportations. Les deux chefs d'Etat aborderont cette délicate question aujourd'hui à Nice. En attendant, retour sur la moisson de contrats, pas toujours aussi avantageuse qu'elle n'en a l'air. L'aéronautique Airbus a, comme prévu, touché le jackpot : 9,85 milliards d'euros pour 102 avions vendus (dont 66 correspondent à des nouvelles commandes) - 50 A320, 42 A330, et surtout 10 A350, le futur long courrier de nouvelle génération, qu'Airbus n'avait jamais vendu en Chine. «C'est un très bon contrat, en plus il y a des A350, notre nouvel avion. C'est très porteur pour nous», a réagi Louis Gallois, patron d'EADS, maison mère d'Airbus. Si le contrat semble faramineux, il n'est que la suite logique des efforts consentis par Airbus en ouvrant, en 2008, une chaîne d'assemblage d'A320 à Tianjin, au sud de Pékin. Cette usine doit monter en puissance pour produire 48 avions par an d'ici à 2012. D'où les commandes d'A320 passées pour l'alimenter. Reste que le contrat Airbus sera bénéfique pour l'emploi français, puisque Tianjin ne capte qu'environ 5% de la valeur des A320, les tronçons étant fabriqués en Europe. Avec cette coopération Airbus espère doubler Boeing sur le marché chinois, dont il ne détient que 45% des parts. Malgré cela, le montant du contrat, «très politique», n'a été dévoilé qu'à la dernière minute, confie un proche du dossier. Et «il n'y a pas d'A380 dedans», a reconnu Louis Gallois, tout en jurant que «ce n'est pas une déception». Le nucléaire C'est la nouveauté majeure du sommet. Au-delà du contrat de fourniture d'uranium de 2,5 milliards d'euros raflé par Areva, Nicolas Sarkozy a proposé à Hu Jintao «un partenariat sans précédent Dans le domaine du nucléaire», Dit-on à l'Elysée. En clair, le chef de l'Etat est prêt à accorder beaucoup pour obtenir une part du très prometteur marché local. Areva a signé «un accord industriel» Avec l'électricien chinois CNCC qui pourrait ouvrir la voie à la construction d'une usine de retraitement des déchets nucléaires du type de celle de La Hague (Manche). Ce qui signifie transférer cette technologie sensible à la Chine. Paris envisage aussi de faire entrer un groupe chinois au capital d'une des mines d'uranium contrôlées par Areva. Plus important encore, Nicolas Sarkozy A proposé que les deux pays «réfléchissent ensemble à ce qu'ils peuvent faire à l'export, et aussi en Chine, en terme de conception de réacteurs pour l'avenir». Concrètement, la France est prête à coopérer avec la Chine pour mettre au point l'Atmea, un nouveau réacteur moins puissant que l'EPR, actuellement en cours de développement chez Areva. Ce serait la première que la France associerait en amont un autre pays dans la conception d'un produit jugé ultrastratégique pour toute la filière française. En échange, Paris espère obtenir la commande de deux EPR supplémentaires, en plus des deux unités en cours de construction par Areva et EDF. Les autres contrats Les principaux concernent Total (il envisage une usine pétrochimique) et Alcatel (1,1 milliard d'euros d'équipements télécoms). Sans oublier deux joint-ventures qui vont permettre à Axa et Groupama de pénétrer le marché chinois. Mais ces contrats bénéficieront surtout à la Chine, à l'image de Total (il investirait 2 à 3 milliards) et Alcatel (sa filiale chinoise emploie plus de 10 000 personnes). Bref, lorsque Hu Jintao a proposé hier de «doubler les échanges franco-chinois» D'ici à cinq ans, c'est bien sûr à son avantage. «Pour 1 euro qu'on exporte, on en absorbe 2», reconnaît-on à l'Elysée. D'où l'insistance de la France pour ajouter un passage sur le nécessaire «équilibre» des échanges dans la déclaration commune. Sans garantie aucune que cela suffise à réduire l'abyssal déficit commercial de la France avec la Chine, qui a culminé à 22 milliards d'euros l'an dernier. Le Berry se fait beau pour Pékin Chinatown -sur-Indre ? Silicon Valley chinoise à la berrichonne ? A vrai dire, les élus de la région Centre se moquent un peu du nom que prendra le parc d'activités au bas du document qu'ils signent avec les autorités chinoises ce matin. Ce qui leur importe, c'est le nouveau pas franchi pour aider au développement de leur territoire avec la création d'une zone de coopération économique. Plaquette. Ce matin, donc, au siège du Medef, la Wecba - un groupement des plus grosses entreprises chinoises - va apposer son paraphe aux côtés de la SSDEC, (Société sino-française de développement économique de Châteauroux) et du président de la communauté urbaine éponyme, Jean-François Mayet. En jeu : la création de 4 000 emplois (dont 800 seraient réservés à des cadres chinois). Mais soyons clairs, dans ce beau projet, à l'état de plaquette, tout reste à concrétiser. Artisane de ce montage, Marie-Madeleine Mialot, vice-présidente de la région, est prudente : «On évoque 4 000 emplois créés par 30 à 50 entreprises, mais attendons de voir.» Néanmoins, la signature clôt un premier chapitre. L'histoire a démarré il y a quatre ans. Lorsque la collectivité a hérité de l'aéroport de Châteauroux, un cadeau de l'Etat. «C'était en 2007, dans le cadre du transfert aux régions des équipements structurants», rappelle Mark Bottemine, le directeur de l'installation. Que faire de cette longue piste de 3 500 mètres (héritage de l'OTAN) qui peut accueillir tous les avions - «même l'Antonov 225», le plus gros cargo du monde -, mais qui est dramatiquement sous-utilisée. Et pourquoi pas une ligne de fret avec la Chine ? Se dit le directeur. A l'horizon 2012, un autre séisme pointe à Châteauroux : le déménagement du 512e régiment du train - soit le départ d'un millier de familles et de plus d'un millier d'emplois. Débute alors un ballet soutenu d'allées et venues entre le Berry et la Chine. La petite équipe, pilotée par la région, multiplie les contacts avec les entreprises chinoises pour se vendre. Et voilà qu'elle tombe sur un projet porté par Pékin. Mark Bottemine poursuit :«Les Chinois cherchaient à identifier des zones en Europe pour créer des parcs d'activité.» - «Pourquoi pas Châteauroux ?» rêvent tout haut les élus du Berry. La zone libérée par les militaires fournit une belle surface de 300 hectares, avec des équipements (cinéma, espaces verts...) à reconvertir plus une zone à créer, ce qui ferait «500 hectares utiles», assure Gil Averous, le directeur de cabinet du maire de Châteauroux. L'idée est de faire venir par avion-cargo des composants high-tech de Chine, qui seraient assemblés sur le sol français. Au retour, les soutes seraient chargées avec les produits de luxe français dont sont friands les Chinois. «Nous avons notre "Cosmetic Valley" (Dior, Shiseido...), rappelle le bras droit du maire. Et même deux usines Vuitton.» «Pilotage». Pour autant, rien de tout cela ne figurera dans la convention signée ce matin. Elle se résume plutôt à un cadre : «On a mis en place un comité de pilotage pour trier les entreprises chinoises susceptibles de venir s'installer, explique Marie-Madeleine Mialot. On regardera ce que les candidats apportent en termes de partenariats.» La région Centre n'est pas naïve, non plus. Ce que viennent chercher les Chinois, «c'est se confronter aux normes environnementales et sociales européennes», poursuit-elle. Cela aurait pu se passer à Hambourg, fait-elle comprendre. «C'est tout de même mieux à Châteauroux.» «Le Nobel n'est pas un sujet à aborder» Sourires pour les contrats, fermeté pour les droits de l'homme. Lors d'un point presse, hier soir à l'Elysée, la vice-ministre chinoise des Affaires étrangères, Fu Ying, qui accompagne en France le président Hu Jintao, a souligné que les «relations entre les deux pays sont très bonnes» et a vanté les «grands succès commerciaux» à peine signés. Mais sur le sort du Prix Nobel de la paix 2010, Liu Xiaobo, emprisonné depuis 2009, elle a été moins prolixe : «Ce n'est pas un sujet à aborder entre la Chine et la France. Liu Xiaobo a violé la loi, il est donc condamné aujourd'hui.» S'agissant des droits de l'homme en Chine, elle a indiqué qu'«aucun pays au monde n'a autant procédé à la réforme depuis trente ans et continue à réformer». «Nous avons obtenu de grands succès. [...] Notre régime a ses propres problèmes, nous ne sommes pas parfaits», a admis Fu Ying. Elle a reproché à la presse française de «mal interpréter» la Chine. «J'espère que les Occidentaux ne s'enterrent pas dans une guerre froide. Il faut se réveiller.»
MARIE-CHRISTINE CORBIER
FREDERIC SCHAEFFER
François Godement : « L'offre bilatérale ne doit pas affecter la logique européenne »
La crise financière permet à la Chine de s'implanter en Europe
Dominique Bari
Une moisson de 16 milliards d'euros de contrats
Le Galès, Yann
Hu Jintao en grande pompe à Paris
Le faste républicain a été déployé pour la visite d'État du président chinois.
Barluet, Alain
La carte chinoise
Rousselin, Pierre
Le groupe renforce ses capacités de production hydroélectrique en Chine
Desné, Julie
Récit - Hu Jintao a bien chiné à Paris
Areva, Airbus, Total... Le président chinois a signé hier pour 16 milliards d'euros de contrats.
Par Yann Philippin
L'aéroport de Châteauroux se rêve en plateforme d'échanges sino-française.
Catherine Maussion
Arnaud Vaulerin
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