L'Europe face à la crise de la zone euro Devant les risques de faillite d'Etats européens asphyxiés par leur dette, quelles solutions emprunter ? De l'émission d'obligations au retour des monnaies nationales, examen des pistes sociales et libérales
Prisonniers consentants d'une monnaie unique qu'ils associent à tort à l'idée européenne, les oligarques de Bruxelles ne se rendent pas compte qu'ils sont en train de tuer l'Union européenne (UE). Comme prévu, on ne peut pas plaquer sur des économies différentes une monnaie unique. Puisqu'il n'y a ni réelle circulation des travailleurs ni transferts financiers entre les Etats, toute différence de compétitivité entre deux pays se traduit logiquement par un excédent commercial excessif d'un côté, et par du chômage de masse de l'autre.
Puisque les monnaies ne peuvent plus se réajuster les unes par rapport aux autres, les peuples reçoivent comme un boomerang en pleine figure cet euro trop cher et trop injuste. L'Allemagne accumule des excédents commerciaux, tandis que, symétriquement, la France et les pays du Sud sont pris dans le cercle vicieux des déficits commerciaux - qui nourrissent à leur tour le chômage et les déficits publics.
Tous ces pays, qui n'ont pas la même structure industrielle ni la même démographie, ne pourront pas subir indéfiniment une politique monétaire identique qui tue à petit feu leur tissu industriel !
Les Anglais, les Polonais, les Suédois, les Danois, qui se réjouissent aujourd'hui de ne pas avoir intégré la zone euro, voient tout au contraire leurs exportations redémarrer et leur croissance repartir. Ils ne subissent pas la politique de l'euro trop cher dictée par l'Allemagne. Ces pays sont-ils pour autant moins européens ? Bien sûr que non.
Mais ils ont eu l'intelligence de comprendre que la liberté monétaire est indissociable d'une politique économique conforme à l'intérêt de leur peuple. Et ils dévoilent ainsi en creux l'arnaque de la monnaie unique, taillée pour la finance et la banque. Car si les dirigeants européens mettent tant d'acharnement à défendre l'indéfendable euro qui asphyxie leur économie, c'est bien car ils obéissent aux intérêts de leur nouveau maître, le système financier, qui en est le principal bénéficiaire.
Il ne faut pas oublier que l'article 123 du traité de Lisbonne a gravé dans le marbre du droit supranational l'interdiction pour tout Etat d'emprunter sans intérêts auprès de sa propre banque centrale. C'est-à-dire d'investir sans payer d'intérêts dans des grands projets, dans la recherche, les universités ou dans les hôpitaux.
Or, l'Europe ne peut pas exister comme un espace de paix et de progrès si un seul pays domine les autres, et si les intérêts de la finance priment sur ceux des citoyens. Le président américain Thomas Jefferson l'avait énoncé dès le XIXe siècle : " Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques priveront les gens de toute possession, d'abord par l'inflation, ensuite par la récession, jusqu'au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquise. "
Lors de la mise en circulation de l'euro, beaucoup avaient été déroutés par les dessins tracés sur les billets, représentant des ponts ou des viaducs ne menant nulle part. La Banque centrale européenne (BCE) s'était empressée de préciser qu'il ne fallait surtout pas que l'on puisse y reconnaître un monument existant. Le vide de cette construction idéologique et technocratique apparaissait déjà dans toute sa cruauté. Comment construire le continent européen sans s'appuyer sur les nations et les peuples qui le composent ?
La France, si elle veut au plus vite échapper à la spirale de la déflation économique et de la régression sociale, si elle veut rester un pays libre maître de son destin, doit donc au plus vite sortir de l'euro ! C'est la seule issue pour ne plus être victime du dumping monétaire de la Chine ou des Etats-Unis. C'est la seule issue pour relancer nos exportations et relocaliser les investissements. Nous pourrons alors créer mécaniquement le million d'emplois qui nous manque tant pour équilibrer nos régimes sociaux que pour redonner une perspective à notre jeunesse.
En sortant de l'euro, la France rendra service à l'Europe tout entière puisque les autres nations suivront son exemple et retrouveront le droit de battre monnaie, ce qui n'interdit en rien une coordination monétaire. L'euro monnaie unique, c'est déjà le passé. Symbole d'une Union européenne oligarchique antidémocratique qui a dénaturé l'idée européenne de départ. Sortir de l'euro, c'est jeter les bases de l'Europe de demain. La seule viable... celle des coopérations à la carte entre des nations libres.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne, président
de Debout la République
© 2010 SA Le Monde. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire