Offensive de charme de Pékin à Delhi.
Tout charme dehors, le premier ministre chinois a répété pendant deux jours aux Indiens ce qu'il leur avait déjà dit il y a cinq ans, lors de sa dernière visite : « Il y a suffisamment de place dans le monde pour le développement de la Chine et de l'Inde, et suffisamment de secteurs dans lesquels nos deux pays peuvent coopérer. » Wen Jiabao a aussi abondamment usé du terme d'« amitié » au cours de ce voyage qui se conclura surtout par une belle moisson de contrats (16 milliards de dollars). Et, comme il fallait s'y attendre, Chinois et Indiens ont annoncé qu'ils se fixaient pour objectif de porter la valeur de leurs échanges commerciaux à 100 milliards de dollars d'ici à 2015.
« Nous sommes des amis et non des rivaux; nous resterons toujours des amis, nous ne deviendrons jamais des rivaux », a lancé Wen, hier, lors d'un discours au Indian Council of World Affairs (ICWA), un think-tank créé dès 1943, assidûment fréquenté par Jawaharlal Nehru avant l'indépendance de l'Inde. La veille, visitant l'école Tagore, un établissement de la capitale où devrait être bientôt enseigné le mandarin, il avait calligraphié au tableau noir les mots suivants : « Amitié Inde-Chine. » Les élèves avaient été conquis.
« Déficit de confiance »
Cette offensive de charme suffira-t-elle à combler le « déficit de confiance » qui continue d'empoisonner les relations entre Delhi et Pékin? Sur les sujets politiques, Wen Jiabao n'a finalement pas dit grand-chose. Le problème des frontières? « Il s'agit là d'un héritage de l'Histoire et sa résolution prendra du temps. Il faudra faire preuve de patience », a-t-il admis. Officiellement, pas un mot n'a été prononcé sur le Cachemire, où Pékin s'illustre depuis plus d'un an en accordant des visas sur une feuille détachée aux habitants du Cachemire indien. Histoire de montrer qu'il s'agit d'un « territoire disputé ». Les Indiens n'en attendaient pas davantage. Wen Jiabao se rend ce matin directement au Pakistan. Le sujet a été évoqué entre le premier ministre indien Manmohan Singh et son hôte, a indiqué Nirupama Rao, la secrétaire aux Affaires étrangères de Delhi. Ajoutant : « La balle est clairement dans le camp de la Chine. »
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