mardi 25 janvier 2011

Des convergences de vues entre Paris et Pékin - Gabriel Grésillon

Les Echos, no. 20855 - International, mardi, 25 janvier 2011, p. 7

Sur de nombreux points, les diagnostics sur les déséquilibres du système mondial convergent entre la Chine et la France.

S'il y a un allié de poids que Nicolas Sarkozy espère avoir à ses côtés pour redessiner l'architecture financière et monétaire mondiale, c'est bien la Chine. De fait, les points de convergence entre Paris et Pékin sont manifestes. Concernant le système monétaire, les deux pays ont chacun fait remarquer qu'il datait de 1944, une époque où les Etats-Unis n'avaient aucun contrepoids économique sur la planète. La Chine ne contestera pas la nécessité de mettre un terme à la toute-puissance du dollar américain. Le pouvoir chinois a d'ailleurs engagé, ces derniers mois, une internationalisation à marche forcée de sa devise, afin d'être en mesure, lorsqu'elle sera convertible, d'en faire une alternative crédible au dollar ou à l'euro.

Plus globalement, la volonté de Paris de construire une gouvernance multipolaire est également bienvenue à Pékin, qui est favorable à la poursuite du mouvement de réforme des droits de vote au FMI et à la lutte contre la spéculation sur les matières premières. L'inflation est aujourd'hui le principal problème des autorités.

Toutefois, Paris risque de se heurter à certaines réticences de Pékin. Il n'est pas certain, par exemple, que la volonté de Nicolas Sarkozy d'élargir le Conseil de sécurité de l'ONU soit perçue positivement en Chine, où l'on entretient notamment avec New Delhi une relation ambiguë, faite d'amitié et de méfiance. Enfin, la proposition de créer une organisation mondiale de l'environnement risque d'être repoussée par la Chine, rétive à toute forme d'intrusion dans ses affaires intérieures.

GABRIEL GRESILLON

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