Le pays assure désormais pouvoir retraiter ses déchets et les réutiliser dans des réacteurs. Un pas de plus en vue de l'indépendance énergétique.
ÉNERGIE Dans un domaine stratégique par excellence, le nucléaire, la Chine aurait réussi une « percée technologique » majeure. C'est ce que claironne la presse chinoise, selon laquelle le pays avait mis au point un processus permettant de retraiter le combustible usé en vue d'une nouvelle utilisation dans des réacteurs. Areva est en pointe dans ce domaine. Plus du tiers des centrales nucléaires actuellement en service en France sont capables d'utiliser en partie du combustible recyclé, notamment le Mox.
La télévision officielle CCTV n'a pas fait dans la sobriété, en glosant sur un grand pas fait vers l'indépendance énergétique. Elle a ainsi affirmé que la Chine, qui disposait jusqu'alors de réserves d'uranium pour 70 ans, va pouvoir porter ce délai à 3 000 ans.
L'annonce fait référence à un test qui a eu lieu le 21 décembre dernier dans le centre 404 de CNNC (China National Nuclear Corporation), situé dans des régions désertiques de la province du Gansu. « C'est l'aboutissement de 20 ans de recherches, confie un spécialiste du dossier. Ils avaient commencé des tests sans matières nucléaires riches au début de l'année, et viennent de passer aux essais avec matières actives. »
Un pas significatif, certes, mais qui n'est que le premier stade d'un projet pilote. La presse se garde d'ailleurs bien de dire à quel horizon la Chine pourrait maîtriser le processus à un stade industriel.
Le pays serait donc entré dans le petit club des pays maîtrisant l'ensemble du cycle nucléaire, selon le directeur général de CNNC, Sun Qin, qui estime que « dans une certaine mesure, la Chine est leader dans le monde en ce domaine ». L'annonce par CCTV fait partie d'une politique de communication générale sur les progrès technologiques chinois. Mais la communication par CNNC relève aussi sans doute de rivalités sino-chinoises entre grands acteurs du nucléaire, CNNC semblant désireux d'afficher des résultats pour faire pièce à son grand rival CGNPC (China Guangdong Nuclear Power Corporation).
Côté français, l'annonce a retenu toute l'attention. Lors de la visite du président Hu Jintao en France en novembre dernier, Areva a signé un protocole d'accord avec CNNC, fixant le cadre de leur coopération sur « l'aval du cycle ». Des négociations commerciales sont en cours pour la construction d'une usine de retraitement et d'une unité de production de Mox, fabriqué à partir de combustible irradié.
Besoins considérables
Pour autant, le stade très expérimental auquel est arrivée la Chine n'inquiète pas. Au contraire, on veut souligner l'aspect positif de l'annonce, qui confirme la ferme intention chinoise de se doter à terme d'un « cycle fermé ».
Les besoins en uranium chinois vont grandir. Il y a aujourd'hui 13 réacteurs en exploitation, mais la presse souligne que 25 autres sont en construction sur un total de 34 ayant déjà reçu un feu vert officiel. Le China Daily cite des experts estimant que les besoins de la Chine en uranium s'élèveront à 20 000 tonnes par an d'ici à 2020, alors que le pays ne pourra en produire à cette date que 2 400 tonnes. Toujours lors de la visite présidentielle de novembre, Areva a signé un accord pour la fourniture de 20 000 tonnes d'uranium à CGNPC, pour un montant d'environ 2,5 milliards d'euros.
© 2011 Le Figaro. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire