Combien de yuans faut-il pour acheter Google ? Ou Goldman Sachs ? Les entreprises chinoises pourraient être prochainement autorisées à se servir de leur devise nationale pour acheter des actifs et des sociétés à l'étranger, selon les termes d'un nouveau projet pilote dévoilé par la Banque populaire de Chine jeudi 13 janvier. Certes, les restrictions sont nombreuses, et ce n'est pas encore demain que l'on assistera à une vague mondiale d'opérations libellées en yuans. Néanmoins, cette initiative marque une étape importante.
Les dirigeants chinois entendent faire du yuan une monnaie mondiale, comme ils l'ont démontré en assouplissant un certain nombre de leurs contrôles. D'abord, les étrangers ont été autorisés à être détenteurs de dépôts en yuans et à les utiliser pour acheter et vendre des biens. Au mois d'octobre 2010, le volume des opérations négociées en yuan s'élevait à quelque 10,3 milliards de dollars (7,7 milliards d'euros). En novembre, celui des dépôts en devise chinoise à Hongkong s'établissait à 280 milliards de yuans (31,5 milliards d'euros). Deux montants qui étaient encore insignifiants six mois plus tôt.
Les investissements à l'étranger semblent être la suite logique. Jusqu'en 2004 environ, les opérations de la Chine à l'étranger étaient d'un volume négligeable; elles ont atteint, en 2009, les 56 milliards de dollars. Avec davantage de dynamisme et un allégement de la réglementation chinoise, ce chiffre pourrait s'envoler rapidement.
Par ailleurs, si les investissements convergent vers des entreprises et des pays qui sont déjà clients de la Chine, l'argent qui en sort par le biais des fusions-acquisitions pourrait y revenir par le canal des échanges commerciaux.
Néanmoins, un accord se conclut à deux, et l'on ignore encore quels marchands accepteront d'être payés en yuans. Le compte de capital de la Chine reste de facto fermé, si bien qu'il est difficile à la devise de repasser la frontière. Certaines entreprises des marchés émergents ou certains États pourraient accepter le yuan en se disant que la bienveillance de Pékin dépend d'une telle démarche.
Appréciation future
Ailleurs, il n'y a pas grand-chose à faire de cette devise, en dehors de la placer dans des comptes de dépôt à faible rendement. Les banques tentent actuellement d'y remédier en concevant de nouveaux produits d'investissement libellés en yuans. Mais cela prendra du temps. L'émission de 20 milliards de yuans d'obligations en novembre 2010 fait pâle figure à côté des 60 milliards de nouveaux dépôts enregistrés à Hongkong. Le groupe Cheung Kong de Li Ka-shing espère être la première entreprise hongkongaise à émettre des actions en yuans.
Pour la plupart des dépositaires de la devise, cependant, son principal attrait réside dans son appréciation future. Or, ce n'est guère dans cet esprit qu'a été pensée son internationalisation.
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