Selon le « Wall Street Journal », ICBC serait sur le point de racheter à Bank of East Asia ses activités aux Etats-Unis. Une preuve de plus de la volonté de Pékin de tisser sa toile financière au-delà des frontières chinoises.
L'offensive financière de la Chine à l'international se poursuit. Une semaine après avoir annoncé ses grands projets d'extension en Europe, la première banque chinoise, ICBC, est sur le point de prendre le contrôle d'une banque de dépôts américaine. D'après le « Wall Street Journal », ICBC, qui est également la première banque au monde, aurait signé un accord pour racheter la majorité du capital de la filiale américaine de Bank of East Asia, une institution dont le siège est situé à Hong Kong, qui possède 13 agences aux Etats-Unis (10 en Californie et 3 à New York) et gère 425 millions de dollars de dépôts.
Optimisme de mise
Le processus sera probablement long avant que ce rachat ne soit avalisé par les autorités américaines. Mais, d'après le journal financier américain, ICBC aurait d'ores et déjà reçu les assurances suffisantes pour être raisonnablement optimiste. Ce serait la première fois qu'une banque chinoise prend le contrôle d'une banque de détail outre-Atlantique.
La stratégie d'internationalisation d'ICBC est manifeste. Après avoir déjà racheté 70 % des activités canadiennes de Bank of East Asia, puis repris récemment à BNP Paribas, pour 1 dollar symbolique, les anciennes activités de courtage de Fortis aux Etats-Unis, il a annoncé, le 17 janvier dernier, l'ouverture de 5 nouvelles antennes sur le sol européen, notamment à Paris. Mais ICBC n'est pas un cas isolé dans le paysage bancaire chinois : Bank of China est actuellement dans la même démarche. Il a récemment annoncé qu'il allait proposer à ses clients sur le sol américain de pouvoir détenir, et échanger, des yuans chinois, une grande première.
C'est donc toute la stratégie financière de la Chine qui se dessine au travers de ces accords, dont le rythme s'est accéléré ces derniers mois.
Pour un yuan international
Géant commercial mais nain financier, la Chine est décidée à gagner en autonomie en matière de financements à l'international. Elle veut donc internationaliser sa devise, ce qu'elle manifeste presque chaque jour actuellement au travers de nouveaux programmes pilotes visant à étendre l'utilisation du yuan au-delà des frontières chinoises. En corollaire à cette stratégie monétaire, la Chine pousse donc ses banques à poser le pied sur de nouveaux territoires, pour tisser une toile qui lui permettra de libeller un nombre croissant de transactions en yuans et de s'affranchir ainsi, progressivement, du tout-puissant dollar américain.
GABRIEL GRESILLON
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