samedi 29 janvier 2011

Le «Google Earth » chinois doit réviser sa géographie

Le Figaro, no. 20681 - Le Figaro, samedi, 29 janvier 2011, p. 1

Désormais, le monde ne sera plus lu comme avant. C'est en substance le message des concepteurs de Tianditu, la version chinoise de Google Earth, qui vient tout juste d'être lancée. Le site officiel de cartographie, appelé aussi Map World, est censé être une réponse au succès hégémonique de la firme américaine.

Seulement voilà, quelques ratés suscitent les bruyantes railleries des internautes et de la presse de Hongkong. Le site est lent, peu ergonomique. Et, nettement plus fâcheux, il donne des résultats bien fantaisistes. Le South China Morning Post a relevé une brassée d'aberrations géographiques. La grande île du sud de la Chine, Hainan, se retrouve au Japon, Tiananmen au coeur de Shanghaï et la Grande Muraille au sud du Yangtze. Une recherche sur d'autres villes chinoises vous emmène au Danemark ou en Somalie.

L'affaire fait beaucoup moins rire les dirigeants chinois, car le sujet est aussi politique que stratégique. Pékin a édicté au printemps dernier de nouvelles règles, obligeant les services de cartographie étrangers à établir un partenariat avec une société chinoise, à baser leur serveur en Chine, puis à postuler pour obtenir une licence d'exploitation. Pour l'instant, Google réserve sa décision. En attendant, l'arme fatale anti-Google Maps aurait bien besoin de quelques réglages.

ARNAUD DE LA GRANGE

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