«Pour la diaspora, le nouvel an chinois, célébré la semaine prochaine, est un moment privilégié de transmission de traditions, de mise en scène identitaire et économique. Associations et entrepreneurs chinois montrent ainsi leur influence au sein de la communauté, mais le message s'adresse aussi au pays d'accueil.
«Les populations chinoises à l'étranger, quelque 35 millions, sont des "Chinois d'outre-mer" : 90% de cette diaspora vient historiquement de trois provinces méridionales (le Guangdong, le Fujian et l'île de Hainan), le cantonais en est la langue dominante. Les migrations vers l'Asie du Sud-Est remontent aux Song (960-1279). Mais la première vraie vague d'émigration date de la deuxième moitié du XIXe siècle, pour répondre alors aux besoins des colonies européennes en Asie du Sud-Est, en Amérique, en Afrique du Sud, dans les îles Caraïbes et dans l'ouest de l'océan Indien.
«Depuis les années 80, une nouvelle vague d'émigration, largement économique, s'est ajoutée à la diaspora. Elle est originaire de lieux de départs traditionnels comme la région de Wenzhou - très nombreux à Paris (le Sentier, Sedaine-Popincourt, Belleville) - mais aussi plus récemment du nord-est de la Chine, le Dongbei, une vieille région industrielle en crise.
«Le nombre d'étudiants chinois à l'étranger est croissant : il dépasse les 27 000 en France et, suivant les autorités chinoises, les 180 000 dans le monde. Les liens qui s'intensifient avec la Chine continentale et le rayonnement médiatique de cette dernière (CCTV, chaînes régionales...) accentuent les progrès du mandarin au sein de la diaspora.
«L'empire du Milieu comme centre du monde, voire comme monde même, n'est pas la seule forme de mondialisation que la Chine ait connue dans l'histoire. Sa diaspora représente aussi une forme de mondialisation, ainsi que le rayonnement de ses métropoles littorales, comme Shanghai lors de la dernière exposition universelle. Ces types de connexions sont aujourd'hui d'autant plus importants qu'ils fabriquent eux-mêmes la mondialisation.
«L'imbrication actuelle entre les communautés émigrées et la Chine continentale pousse ainsi à concevoir un espace global, avec non seulement un pays de référence mais aussi un éparpillement démographique couvrant les cinq continents.
«Le monde chinois devient un espace humain multipolarisé dont les centres sont les métropoles côtières continentales comme Shanghai, Pékin et Hongkong, les petits dragons asiatiques comme Taiwan et Singapour, les acteurs économiques chinois de l'Asie du Sud-Est, les chinatowns des grandes villes occidentales, les présences en Afrique et en Amérique latine.»
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