lundi 17 janvier 2011

Les Chinois font une percée remarquée en Israël - Marc Henry

Le Figaro, no. 20669 - Le Figaro Économie, samedi, 15 janvier 2011, p. 23

Le deuxième groupe chimique chinois a pris le contrôle de l'un des fleurons de l'économie israélienne.

Les Chinois ont fait une entrée fracassante en Israël. ChemChina, le deuxième groupe chimique chinois a pris le contrôle à hauteur de 60 % de Makhteshim-Agan, un des fleurons de l'économie israélienne, numéro un mondial pour les produits chimiques génériques destinés à l'agriculture. L'opération d'un montant de 2,4 milliards de dollars est symbolique. La société israélienne fait en effet partie de TA 25, l'indice vedette la Bourse de Tel-Aviv, équivalent au CAC 40, qui regroupe les 25 plus importantes capitalisations du marché.

Pour mener à bien cette acquisition auprès de Nochi Dankner, un des hommes d'affaires israélien les plus influents, les responsables chinois se sont efforcés de rassurer les quelque 1 300 salariés en affirmant qu'ils n'avaient pas l'intention de transférer les emplois en Chine, durant les sept prochaines années. Les syndicalistes restent toutefois sceptiques. « Cette vente nous inquiète, l'essentiel est que le travail dans les deux entreprises de Ashdod et Beersheva (sud d'Israël) se poursuive au-delà de la période des sept ans », explique Yaakov Cohen, président du syndicat des employés.

Veto pour les armes

Dany Catarivas, responsable de l'internationale au patronat israélien espère qu'il n'y aura pas de délocalisation. La tentation risque toutefois d'être forte. Les coûts de production en Israël sont bien plus élevés qu'en Chine, en raison du niveau des salaires, mais aussi des règlements pour la défense de l'environnement imposés en Israël alors que ce genre de restrictions n'existe pratiquement pas en Chine.

Malgré ces incertitudes, le gouvernement israélien est resté discret afin de ne pas dissuader les investisseurs chinois. « Face au ralentissement des exportations vers les marchés traditionnels européens et américains, les chefs d'entreprise israéliens se tournent de plus en plus vers l'Asie », souligne Danny Catarivas.

Les Chinois ont largement dépassé les Européens et talonnent désormais les Américains comme premiers fournisseurs d'Israël. Les exportations israéliennes vers la Chine ont de leur côté plus que doublé l'an dernier passant de 865 millions de dollars à 1,8 milliard grâce au boom des ventes de puces électroniques, d'engrais et de diamants taillés.

Pour l'armement, Israël est en revanche totalement bridé dans ses ambitions par les États-Unis, qui ont mis leur veto à la vente de matériel sophistiqué. L'État hébreu, qui perçoit plus de 3 milliards de dollars d'aide militaire annuelle de Washington, a dû se soumettre et se consoler en faisant une percée en Inde, pays devenu son principal client pour l'armement.

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