Certains hypermarchés de Wal-Mart et de Carrefour ont-ils triché sur les prix en Chine ? La toute-puissante Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC) s'en dit convaincue. Elle vient de demander de punir « sévèrement » le distributeur français de même que l'américain Wal-Mart pour leurs pratiques « abusives » Trois des magasins de ce dernier sont incriminés, contre plus d'une dizaine pour Carrefour. Concrètement, les points de vente montrés du doigt risquent de devoir payer 5 fois le montant des sommes injustement perçues ou, en cas d'impossibilité d'évaluer ces dernières, de verser des amendes allant jusqu'à 500.000 yuans (55.000 euros).
Les types de fraudes dénoncées par les autorités chinoises sont multiples. La première aurait consisté à afficher sur les étiquettes un rabais plus élevé qu'il ne l'était en réalité. L'autre concerne la typographie de certaines étiquettes, conçue, selon la NDRC, pour faire croire à un prix inférieur à la réalité. Enfin certains produits se seraient avérés tout simplement plus chers lors du passage en caisse que ce que l'affichage donnait à penser.
Ce n'est pas la première fois que le distributeur français se retrouve sur le banc des accusés en Chine. Avec plus de 160 magasins dans l'empire du Milieu, le groupe connaît une incontestable réussite, d'autant plus manifeste qu'elle est essentiellement financée avec les bénéfices dégagés sur place. Mais il est régulièrement mis en cause dans les médias, en particulier en raison de ses pratiques vis-à-vis de ses fournisseurs. Il lui est reproché de soumettre ces derniers à une pression permanente sur les prix.
Tensions
De fait, le groupe, entré en 1995 en Chine, a été l'un des tout premiers à instaurer dans le pays le mode de fonctionnement de la grande distribution. Les journaux ont notamment rapporté les tensions entre le distributeur et le plus grand producteur chinois de nouilles instantanées, Kangshifu. Carrefour entendait bénéficier de 50 % de la hausse de prix décidée par Kangshifu à cause de l'inflation alimentaire. Pour le « China Business News », les fournisseurs de Carrefour sont de plus en plus enclins à s'opposer aux exigences du distributeur, qui n'est plus en position de leader. Son chiffre d'affaires a été dépassé par celui du taïwanais RT-Mart (associé du groupe Auchan), tandis que Wal-Mart a aujourd'hui plus de magasins que lui (près de 200) sur le territoire chinois.
Gabriel Grésillon
© 2011 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire