jeudi 27 janvier 2011

Une nouvelle vague de hausse est à prévoir dans les matières premières

Les Echos, no. 20857 - Marchés, jeudi, 27 janvier 2011, p. 30

Selon le cercle CyclOpe, la croissance mondiale, attendue en hausse de 4,2 %, devrait soutenir la demande sur les produits de base. Le maïs, le palladium et le coton formeront le tiercé gagnant de 2011. Les métaux industriels non ferreux devraient baisser, sauf l'aluminium et le cuivre.

Si 2010 a été l'année de tous les records pour les matières premières, avec une hausse moyenne des prix de 30 %, cette envolée des prix devrait dans l'ensemble perdurer en 2011. La croissance mondiale est attendue en hausse de 4,2 % par le FMI, ce qui devrait soutenir la demande sur les produits de base. L'économiste Philippe Chalmin, professeur à l'université à Paris-Dauphine et responsable du groupe CyclOpe, qui établit chaque année des prévisions sur l'évolution des prix des matières premières, en est convaincu.

Cela ne l'empêche pas, parce que « les arbres ne montent pas jusqu'au ciel », de se montrer très prudent sur quelques métaux en 2011. « Certains ont atteint des niveaux tellement élevés en 2010 qu'il serait déraisonnable de considérer qu'ils vont continuer à grimper », explique-t-il. Cela vaut pour l'étain - « qui ne sert à rien sauf à faire du fer blanc et dont le cours n'a jamais été aussi haut », à plus de 28.515 dollars la tonne -pour le zinc et le nickel.

Pour le cuivre, même s'il anticipe une hausse de 6 % en moyenne sur l'année, il ne peut pas imaginer que le métal rouge reste durablement au-dessus de 10.000 dollars la tonne, alors que le prix de revient le plus élevé pour un producteur est de 3.500 dollars. Et ce alors même que les nouveaux ETF (« exchange traded funds »), ces fonds qui cotent en continu adossés aux métaux industriels sur le London Metal Exchange, viennent modifier considérablement l'équilibre entre l'offre et la demande.

Selon lui, « l'aluminium, à 2.300 dollars la tonne, est soldé » et son prix devrait augmenter de 21 %, après avoir grimpé de plus de 30 % l'an dernier. Le palladium, qui s'est apprécié de 99 % en moyenne, devrait continuer sur sa lancée de par sa forte utilisation dans l'industrie automobile.

Sur le pétrole, Philippe Chalmin reconnaît que parier sur un baril stable à 80 dollars pour une croissance mondiale de 4,2 % est « à la limite de la provocation ». Mais la politique de l'Opep est impossible à anticiper. Et, par ailleurs, il ne faut pas négliger l'importance de plus en plus grande du gaz naturel, qui pourrait venir se substituer en partie à l'or noir.

Année préélectorale et éthanol

Pour les matières premières agricoles, les aléas climatiques rendent l'exercice de prévision très difficile. Comment va se développer le phénomène climatique La Nina ? Quel sera l'impact des inondations en Australie ? Si le premier semestre risque d'être encore marqué par de fortes tensions entre l'offre et la demande, ces dernières pourraient bien se détendre dans la seconde partie de l'année. Mais les cours resteront de toute façon en moyenne très élevés.

Plus forte hausse attendue sur l'année, le maïs pourrait bien s'envoler de 40 %, alors qu'il a déjà grimpé de 15 % l'an dernier. « C'est une année préélectorale aux Etats-Unis et le programme éthanol américain ne changera pas : près de la moitié du maïs est utilisée pour la fabrication de l'éthanol », rappelle Philippe Chalmin, ce qui soutient les prix.

L'offre de blé en Europe devrait rester tendue en raison des grandes incertitudes sur la Russie, qui ne devrait pas retrouver sa capacité d'exportation avant plusieurs années. Quant au soja, la demande en provenance de la Chine ne cesse de croître. Sur la campagne 2010-2011, l'ex-empire du Milieu devrait importer 57 millions de tonnes, contre 40 millions il y a deux ans. Le sucre, qui a gagné 21 % l'an dernier, devrait baisser en 2011 de 9 %. Son prix est tellement élevé qu'il ne faut pas sous-estimer l'élasticité de la demande, à plus de 32 cents la livre.

LAURENCE BOISSEAU

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