mardi 8 février 2011

ANALYSE - L'économie mondiale se déplace de l'Occident vers l'Asie - Arnaud Rodier


Le Figaro, no. 20689 - Le Figaro Économie, mardi, 8 février 2011, p. 18

La démonstration n'est plus à faire. L'économie mondiale se déplace de plus en plus des pays occidentaux vers l'Asie. La Chine surfe sur une croissance de 9 % par an, l'Inde sur 8 %. Le commerce extérieur de la région Asie-Pacifique va bondir de 20 % cette année, prédisent les Nations unies.

Ce dynamisme contraste avec la stagnation de la demande en Europe, au Japon et aux États-Unis. L'an dernier, pour la première fois, les flux d'investissements directs étrangers vers les pays en développement, à commencer par la Chine, qui a franchi la barre symbolique des 100 milliards de dollars, ont dépassé ceux réalisés dans les économies riches.

Alors que les investissements ont globalement progressé de 0,7 %, à 1 122 milliards de dollars, un niveau encore inférieur à celui d'avant la crise économique, l'Europe, par exemple, a enregistré un recul de 20 % par rapport à 2009. Et si la France a vu ses exportations en Asie bondir de 28,6 % en 2010, à 11 % de ses ventes à l'étranger contre 9,6 % en 2009, l'Hexagone reste, en part de marché dans la région, derrière l'Allemagne, à 6 % contre 9 % respectivement.

Aujourd'hui, le Fonds monétaire international (FMI) redoute une surchauffe de l'économie asiatique en raison de la flambée des prix alimentaires. Ils pourraient augmenter de 15 % dans la région hors Japon, calcule la banque Crédit Suisse. Pas moins de 2 millions de personnes sont directement menacées, avertit la FAO (Food and Agriculture Organization) qui juge que l'Inde, la Chine et l'Indonésie sont particulièrement exposées.

Accords transfrontaliers

Pékin, ajoute l'organisme qui dépend des Nations unies, doit en priorité lutter contre la dégradation de ses sols et la perte de ses terres arables. Mais, surtout, tous ces pays doivent impérativement diversifier leurs économies, résume l'OCDE (Organisation de coopération et de développements économiques).

Si la Chine est en passe de devenir avant 2010 le plus grand marché du monde pour les produits de luxe, si ses entreprises se précipitent aux États-Unis, où elles ont représenté l'an dernier 26,6 % des introductions en Bourse, si l'Inde prévoit de dépenser 100 milliards de dollars dans les dix ans à venir pour que ses ports n'aient rien à envier aux grands ports internationaux, la région commence tout juste à s'organiser.

La Chine, le Japon et la Corée du Sud vont ainsi signer en mai un accord pour doper leurs investissements transfrontaliers. Et ce n'est certainement pas fini.

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