mardi 8 février 2011

BMW accélère ses investissements hors d'Europe - Denis Fainsilber

Les Echos, no. 20864 - Industrie, lundi, 7 février 2011, p. 20

Le spécialiste munichois du haut de gamme investit simultanément aux Etats-Unis, en Chine et en Afrique du Sud pour pallier la relative morosité du marché européen.

En prévision d'un marché européen qui s'annonce étale cette année, BMW accroît ses investissements dans ses sites étrangers. Objectif : profiter du dynamisme des autres régions du monde.

Aux Etats-Unis, son premier débouché actuel à égalité avec l'Allemagne, le constructeur munichois vient de mobiliser 350 millions d'euros dans son usine de Spartanburg (Caroline du Sud) pour ajouter sur ses chaînes un nouveau modèle de 4- 4, le X3, jusqu'à présent assemblé en Europe. Les capacités de fabrication sont ainsi passées de 160.000 à 240.000 véhicules par an et la marque est mieux protégée des variations de l'euro par rapport au dollar.

En Chine, son usine de Dangdong, dans le Shenyang, pilotée en duo avec le constructeur local Brilliance, a vu ses capacités également augmenter. La marque a par ailleurs lancé la construction d'un deuxième site, dans la même région. Il ouvrira courant 2012, pour la réalisation du nouveau modèle X1, après un investissement de 560 millions d'euros. Avec ces deux bases industrielles, le spécialiste du haut de gamme, qui a vu ses ventes chinoises bondir de 87 % l'an dernier, disposera l'année prochaine d'une capacité de 150.000 unités par an. Des installations prévues dès le départ pour monter à 300.000 unités dans quelques années.

Autre exemple de ce déploiement industriel : l'usine sud-africaine de Rosslyn, dans la banlieue de Pretoria, va faire l'objet d'une modernisation et d'un investissement de 220 millions d'euros. Ce site produit uniquement des berlines Série 3 pour le monde entier. Il écoule 80 % de sa production à l'export, dont 55 % vers l'Amérique du Nord. Il est déjà assuré d'assembler la nouvelle génération du modèle le plus vendu de la marque, vers 2012. Les capacités, elles, passeront de 50.000 à 87.000 véhicules annuels.

Alors que les autres constructeurs installés en Afrique du Sud (dont Nissan, Ford ou GM) travaillent surtout pour le marché local, BMW a toujours regardé vers le grand large dans ce pays, après avoir acheté, dès 1972, son assembleur local, Preator Monteerders, alors en faillite. Rosslyn est ainsi devenu la première usine de BMW inaugurée à l'étranger depuis la Seconde Guerre mondiale.

Dernier exemple récent d'investissement, l'Inde (Chennai) a reçu 30 millions d'euros pour porter les capacités locales de 5.400 à 8.000 modèles par an.

« Bel avenir pour le premium »

Avec un tel outil, BMW est paré pour bien répondre à la hausse de la demande dans son coeur de métier, le haut de gamme, au moment où celle-ci se déplace de plus en plus à l'extérieur de l'Europe. « Nous avons eu pas mal de discussions en interne et pensons que le marché "premium" a un bel avenir. Les perspectives de croissance sont excellentes et les recettes par véhicule élevées. Toutefois à long terme, le segment des petites voitures va progresser nettement plus vite dans le monde que celui des grands véhicules », indique Friedrich Eichiner, membre du directoire chargé des finances, à l'occasion de la présentation de la nouvelle Série 6 décapotable. Cet immense cabriolet, fabriqué à Dingolfing en Allemagne, sera bientôt vendu entre 87.000 et 101.000 euros... hors options.

Après une croissance de ses ventes mondiales de 14 % l'an dernier, qui place son curseur de volumes à 1,46 million de véhicules, le groupe, coiffant BMW, Mini et Rolls-Royce, table sur « au moins 1,5 million de ventes » cette année. Grâce à quoi il pourrait dépasser son précédent record, atteint en 2007.

DENIS FAINSILBER

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