Jusqu'où s'envolera-t-il ? L'indice IFO, qui mesure le moral des entrepreneurs outre-Rhin, a affiché une nouvelle hausse en février, pour s'établir à 111,2 points. Record absolu. Les patrons allemands voient visiblement leur activité en rose. Non seulement leur situation actuelle (114,7 points, contre 112,8 en janvier), mais aussi leurs attentes à 6 mois (107,9, après 107,8 en janvier). Le commerce de détail est le seul secteur à vaguement marquer le pas.
« L'économie allemande a laissé la crise derrière elle, elle est actuellement au mieux de sa forme », s'est empressé de commenter le ministre de l'Economie, Rainer Brüderle. Et on ne peut guère lui reprocher d'exagérer. « Le début d'année pourrait difficilement être meilleur, confirme ainsi Carsten Brzeski chez ING, l'économie ne va peut-être pas atteindre les étoiles, mais elle va continuer à évoluer très haut cette année ». Les exportateurs allemands continuent de profiter d'une forte demande, en provenance notamment des pays émergents. Ce qui les pousse à investir massivement. Hans-Werner Sinn, président de l'institut IFO, parle même de vague d'investissements « sans précédent ». Le constructeur automobile Daimler a par exemple annoncé un plan de modernisation de ses usines et de développement de nouveaux modèles pour un total de quelque 20 milliards d'euros en 2011 et 2012, soit 5 milliards de plus que sur la période 2009-2010.
Le panel d'une vingtaine d'économistes qu'interroge régulièrement le « Financial Times Deutschland » se montre lui aussi très optimiste, sur le moyen terme également. Plus d'un sur deux de ces experts attend une croissance supérieure à 1,5 % dans les années qui viennent. Ils soulignent que le rebond spectaculaire de l'économie allemande profitera à ses voisins.
Selon Klaus Abberger, de l'IFO, « à vrai dire la seule chose qui pourrait contrarier cette tendance, ce serait un choc extérieur violent ». Une dérive inflationniste en Chine, par exemple, ou bien encore un blocage du canal de Suez, qui poserait des problèmes pour l'approvisionnement en pétrole et le commerce avec l'Asie. Sinon, les troubles au Moyen-Orient ne semblent pas en mesure, selon lui, de peser sur le commerce mondial, dont les pays en question représentent une faible part. Mais tout laisse penser que la prévision officielle de croissance du gouvernement pour 2011 (2,3 %) sera dépassée. La Commerzbank attend désormais 3 %. La baisse continue du chômage ajoute en effet un nouveau moteur à la croissance : la consommation des ménages.
Cette forte croissance sera bien utile pour réduire le fardeau de la dette, qui, selon les chiffres publiés hier par l'office des statistiques, a fait un bond de 18 % entre fin 2009 et fin 2010, pour frôler les 2.000 milliards d'euros, à 1998,8 milliards d'euros exactement. Ce qui représente un endettement de 24.450 euros par habitant. En cause, selon Destatis : essentiellement les opérations de sauvetage des canards boiteux du secteur financier, Hypo Real Estate et West LB, qui à eux deux ont justifié 232,2 milliards d'euros de nouvelles dettes.
Karl de Meyer
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