Trois semaines après le coup d'envoi, dimanche 20 février, d'une " révolution du jasmin " à la mode chinoise, les journalistes étrangers en Chine sont soumis à une campagne d'intimidation. Plusieurs dizaines de correspondants étrangers ont été appelés ou convoqués à plusieurs reprises dans les bureaux de l'immigration ou des polices de Pékin et de Shanghaï, le plus souvent pour " vérifier leur visa ", pendant que les militants manifestaient sous forme de " promenades dominicales " dans les grandes villes chinoises.
Certains journalistes ont reçu la visite de policiers à leur domicile, d'autres ont été embarqués pour des interrogatoires alors qu'ils se trouvaient sur les lieux désignés des rassemblements, et parfois retenus, comme à Shanghaï, dimanche 6 mars, dans un bunker en sous-sol, le temps que l'événement soit terminé. Au moins deux représentants de médias ont subi des violences.
Des zones piétonnières banales sont soudain décrétées hors limites : il faut s'accréditer auprès d'une entité dont l'existence est parfois laissée dans le flou. Cinq correspondants étrangers à Pékin ont rapporté avoir été placés ostensiblement sous surveillance à leur domicile, selon le FCCC, le Club des correspondants étrangers en Chine, une association informelle de journalistes étrangers. Trois assistants de médias étrangers ont reçu des appels de leur famille en province à la demande de la police locale.
Vives protestations
La situation a conduit à de vives protestations de la part des ambassades, notamment européennes - et à des réponses parfois peu cohérentes de la part de leurs interlocuteurs. En privé, le ministère des affaires étrangères fait comprendre que la sécurité publique a tous pouvoirs face à une situation où des personnes mal intentionnées (les militants fantômes de la " révolution du jasmin ") " instiguent des troubles ". Un porte-parole du ministère a accusé récemment les journalistes étrangers de " fabriquer des informations ".
Ce déploiement de force est inédit ces dernières années. Le gouvernement chinois s'était engagé, un an avant les Jeux olympiques de 2008, à donner l'entière liberté aux médias étrangers d'interroger toute personne qui accepte de leur répondre. Auparavant, il fallait une autorisation des autorités locales.
Brice Pedroletti
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