mardi 15 mars 2011

Marché de l'art : la Chine devient le numéro deux mondial

Les Echos, no. 20890 - Entreprises et Marchés, mardi, 15 mars 2011, p. 23

Le marché de l'art n'échappe pas à la formidable vitalité de l'économie chinoise. Représentant 8,3 milliards de dollars l'an dernier dans ce secteur, la Chine a ainsi dépassé le Royaume-Uni pour devenir le deuxième pays sur ce marché, derrière les Etats-Unis. Elle détient désormais à elle seule 23 % du marché mondial de l'art, contre 34 % pour les Etats-Unis et 22 % pour le Royaume-Uni. C'est ce qui ressort d'une étude de The European Fine Art Foundation, basée aux Pays-Bas. Rendue publique à quelques jours de l'ouverture de la foire de Maastricht, la plus grande foire d'art et d'antiquités dans le monde, l'étude évalue à 43 milliards d'euros (60 milliards de dollars) le marché de l'art mondial, en hausse de 52 % par rapport à 2009, année noire du fait de la crise. Les marchands représentent encore 51 % du marché contre 49 % pour les maisons de ventes aux enchères.

Depuis 2006, le Royaume-Uni a ainsi vu sa part du marché mondial régresser de 5 points tandis que la France était reléguée dès 2007 à la quatrième place du classement mondial par la Chine. Devant ces résultats, la British Art Market Federation dénonce les dégâts provoqués par le droit de suite. Ce droit a été mis en place par l'Union européenne pour répondre à une demande de la France et n'existe nulle part ailleurs dans le monde, ce qui grève la compétitivité des acteurs européens. Au Royaume-Uni, il s'agit d'un prélèvement payé par l'acheteur d'oeuvres d'artistes encore vivants. Dans le reste de l'Union européenne, ce droit -payé par le vendeur cette fois -est encore plus pénalisant, puisqu'il s'applique aussi aux oeuvres d'artistes morts depuis moins de 70 ans. Ce régime devrait entrer en vigueur outre-Manche en 2012.

Harmonisation européenne

Dans l'Hexagone, les ventes d'oeuvres d'artistes modernes et contemporains, concernées par ce droit, ont représenté, pour le seul domaine des enchères, plus de 300 millions d'euros en 2010. Au moment où la Commission européenne entame un bilan d'application du droit de suite, ces données suggèrent au minimum une harmonisation de la législation européenne dans ce domaine. Certains plaident même pour la suppression de ce droit, qui renchérit le coût des transactions et incite les acteurs à délocaliser celles-ci hors de l'Union européenne.

MARTINE ROBERT

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