Le Figaro, no. 20741 - Le Figaro Économie, samedi, 9 avril 2011, p. 23
Le groupe américain a posé hier la première pierre de son parc d'attractions de Shanghaï, une première en Chine continentale. Ce projet représente un investissement de 2,6 milliards d'euros.
Signe des temps modernes, Mickey Mouse, incarnation de l'Amérique, se sinise. Vêtu d'une tenue traditionnelle chinoise, à l'instar d'autres personnages du panthéon Disney, la célèbre souris assistait à la cérémonie donnée pour la pose de la première pierre du parc Disneyland de Shanghaï, qui ouvrira ses portes en 2016. Ce premier parc de Chine continentale s'ajoute au Disney de Hongkong qui attire déjà des millions de Chinois.
Tambours, chants chinois et dragons se mêlaient à l'univers féerique de Hollywood. Et après presque une décennie de négociations, le studio américain va enfin voir crépiter ses feux d'artifice dans le ciel chinois. « Aujourd'hui est un jour très très spécial dans l'histoire de Walt Disney », a lancé Robert Iger, PDG de la compagnie, qui avait fait le déplacement à Shanghaï pour l'occasion.
Pour s'allier les officiels et séduire un public, familiarisé avec l'univers Disney depuis peu, le studio a adapté son offre. Comme hier, Minnie revêtira sans doute chaque jour sa qipao (robe traditionnelle chinoise). Un immense lac artificiel de 400 000 mètres carrés et des canaux seront construits dans le parc, rappelant furieusement les paysages de cette région du delta du Yang Tsé.
Par ailleurs, il est convenu que les spectacles, donnés dans le château le « plus haut et le plus grand de tous les Disneyland », seront spécialement mis au point pour le public local. « Ce sera authentiquement Disney et distinctement chinois », tranchait, le patron de Disney, qui vise 7,3 millions de visiteurs la première année. À terme, l'entreprise américaine table sur une clientèle potentielle de 330 millions de Chinois urbains.
Le coût de la première phase du projet se chiffre à 2,6 milliards d'euros, répartis entre Disney, qui détient 43 % de la société exploitante, et son partenaire chinois Shengdi, consortium de groupes chinois issus de l'immobilier, des médias et de l'hôtellerie. C'est presque le budget du site de l'Exposition universelle que la métropole a accueilli l'an dernier. Près de 500 millions d'euros seront, en outre, investis dans les infrastructures annexes.
La municipalité met beaucoup d'espoir dans cet immense parc. « Le projet va permettre à Shanghaï d'améliorer son image de destination touristique internationale », a ainsi déclaré Han Zheng, maire de Shanghaï, hier matin. Il assistait en compagnie du premier secrétaire du Parti communiste de Shanghaï, Yu Zhengsheng, à la pose de la première pierre. Deux présences remarquées dans un pays où le protocole est strict et les huiles ne se déplacent que pour les très grandes occasions.
Pourtant les discussions avec les autorités chinoises ont été longues. Disney avait pensé un temps profiter de son offre alléchante de parc à thème pour négocier un package, incluant la possibilité de lancer sa chaîne de télévision et de distribuer plus largement ses productions. C'était sans compter l'extrême sensibilité du gouvernement central sur la question. L'industrie des médias reste étroitement contrôlée par Pékin et seulement vingt films étrangers sont autorisés à sortir sur les écrans chaque année.
En attendant, Disney continuera de séduire les centaines de millions d'enfants chinois via ses écoles d'anglais, très populaires auprès de la classe moyenne, et ses peluches vendues à partir de l'année prochaine dans son propre réseau de magasins.
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