Kim Jong-un, l'un des fils et héritier présumé du maître absolu du régime nord-coréen, reste tenu à l'écart des instances dirigeantes
La transition dynastique en Corée du Nord, qui semblait avoir été lancée fin 2010 par Kim Jong-il, actuel dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) devra encore attendre. Contrairement aux spéculations de certains médias sud-coréens, l'un de ses fils, Kim Jong-un, pressenti pour lui succéder, n'a pas accédé, jeudi 7 avril, aux fonctions de numéro deux du pays.
La Corée du Nord est l'un des pays les plus fermés de la planète, dans lequel la famille Kim règne en maître absolu, de père en fils, depuis soixante-trois ans, grâce à un régime de terreur. Certains éléments pouvaient laisser penser que Kim Jong-il était en passe de placer en position d'autorité ce fils de 27 ou 28 ans, selon les sources, éduqué en Suisse. Affaibli par une attaque cérébrale, en 2008, Kim Jong-il, qui souffrirait aussi de diabète et de problèmes cardio-vasculaires, avait engagé, en 2010, dans une certaine hâte un processus de succession.
Kim Jong-un, dont le visage était jusqu'alors inconnu, a été promu général quatre étoiles en septembre, puis nommé au Comité central du parti et désigné vice-président de la commission militaire centrale du parti, qui supervise l'armée de 1,2 million de soldats.
Le 10 octobre, le régime avait, chose rare, invité les médias internationaux aux célébrations du 65e anniversaire du Parti du travail pour officialiser cette transition. Sur une tribune, lors d'un spectacle dans lequel les régimes totalitaires aiment voir le reflet d'une forme de puissance, figurait Kim Jong-un.
Tensions régionales
Cette amorce d'évolution dans un pays aussi opaque, au coeur de tensions régionales d'autant plus inquiétantes pour la communauté internationale qu'il tente de se doter de l'arme nucléaire, concentrait l'attention. Beaucoup pensaient que la 4e session de l'Assemblée suprême du peuple, jeudi, verrait le fils héritier accéder à la vice-présidence de la Commission nationale de la défense (CND). La présidence du CND revient, selon la Constitution, au premier dirigeant de ce pays, en l'occurrence Kim Jong-il.
« Les médias occidentaux se sont trompés, a laconiquement expliqué, jeudi, au Monde, un diplomate nord-coréen, cette session était simplement consacrée au budget. » En effet, le nom de Kim Jong-un n'a pas été mentionné dans le communiqué de l'agence de presse officielle (KCNA) parmi les nouvelles nominations. Cette surprise, selon un diplomate occidental, éloigne l'espoir de voir s'ouvrir ce régime dans un proche avenir. Kim Jong-il, dont la santé se serait améliorée, pourrait au contraire conserver les rênes et durcir plus encore le régime.
Le commandant des forces américaines en Corée du Sud, le général Walter Sharp a dit, mercredi, « craindre de nouvelles attaques et des provocations contre son voisin du Sud ». L'attitude jugée belliqueuse de la Corée du Nord a contraint la France à retarder l'ouverture d'un bureau de représentation à Pyongyang, pourtant validée, fin 2010, par l'Elysée.
Enfin, la situation humanitaire dans le pays continue d'inquiéter. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies a révélé, le 25 mars, dans un rapport, que si rien n'est fait d'ici le mois de mai, près de six millions de personnes - surtout les enfants et les femmes - seraient touchées par la famine. Une telle catastrophe avait causé la mort d'un million de personnes dans les années 1990, notamment à cause du détournement de l'aide internationale par l'armée et les privilégiés du régime.
Jacques Follorou
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