mardi 12 avril 2011

Facebook cherche une porte d'entrée en Chine - Gabriel Grésillon

Les Echos, no. 20910 - High-tech & Médias, mardi, 12 avril 2011, p. 22

Interdite jusqu'ici en Chine, la société américaine semble en passe de s'allier avec Baidu, le moteur de recherche leader de l'Internet chinois, pour lancer un site de réseaux sociaux.

Le match entre Google et Facebook va-t-il également se dérouler sur le sol chinois ? Ces derniers temps, le premier réseau social mondial ne cachait pas son intérêt pour le marché chinois. Il avait déclaré être « actuellement en phase d'étude et d'apprentissage sur la Chine ». La visite de Mark Zuckerberg, en décembre dernier, avait toutefois été présentée officiellement comme « des vacances ». Pour autant, l'arrivée de Facebook dans l'empire du Milieu pourrait être imminente, si l'on en croit le site Internet chinois sohu.com. Celui-ci a en effet révélé hier que Facebook serait en passe de prendre pied sur le marché chinois pour lancer un site de réseaux sociaux conforme aux exigences de censure du parti communiste. Et, d'après Sohu.com, c'est avec Baidu que Mark Zuckerberg, numéro un du groupe américain, s'apprêterait à créer ce réseau social. Une information relativisée toutefois dans la soirée par une source proche de Facebook citée par Bloomberg, qui assurait que les discussions exploratoires ne déboucheraient « pas forcément sur un accord ».

Baidu est le moteur de recherche star de l'Internet chinois, qui gère plus de deux tiers des requêtes des internautes, aux dépens de Google, en voie de marginalisation en Chine. Il est vrai que le moteur américain s'est lui-même tiré une balle dans le pied en annonçant, l'an dernier, son refus de continuer à se plier aux exigences de censure du régime. Il réoriente désormais les internautes vers son site non censuré de Hong Kong. Facebook fait partie, avec YouTube et Twitter, des sites dont l'accès est bloqué en Chine : le régime redoute leur caractère viral. Les récents mouvements pro-démocratiques dans le monde arabe ont conforté Pékin dans cette analyse. Cela ne signifie pas pour autant que les applications de type Web 2.0 soient inexistantes dans l'empire du Milieu. Mais Pékin exige qu'elles soient gérées par des entreprises chinoises, qui appliquent les règles d'autocensure et veillent au contenu des messages échangés. Twitter est donc remplacé par le service de microblog mis en place par le portail Internet Sina. Et si Facebook est interdit, son équivalent chinois, Renren, se porte à merveille. Il revendique 160 millions d'utilisateurs et prévoirait de s'introduire en Bourse aux Etats-Unis, avec l'objectif de lever 500 millions de dollars. Pour l'heure, ni Facebook, ni Baidu n'ont fait de commentaire.

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