Réunis en Chine, les pays du « Brics » ont estimé, hier, qu'il fallait lutter contre la volatilité des prix des matières premières et développer un système monétaire international plus stable.
Réunies à Sanya, sur l'île chinoise de Hainan, les grandes puissances émergentes ont affiché leur unité, hier, sur une série de sujets allant de l'économie à la diplomatie. Le sommet des « Brics » (Brésil, Russie, Inde, Chine et désormais Afrique du Sud) s'est notamment terminé sur un appel à lutter contre la volatilité des prix des matières premières.
Le communiqué final estime que « la volatilité excessive du prix des matières premières, en particulier alimentaires et énergétiques, représente de nouveaux risques pour la reprise économique mondiale en cours ». Ce consensus peut surprendre, car, si la Chine et l'Inde subissent de plein fouet la hausse du pétrole et des denrées alimentaires, ce n'est pas le cas de la Russie, exportatrice d'hydrocarbures, ni du Brésil, géant agricole. Mais, comme l'avait récemment résumé Sergei Ivanov, le vice-Premier ministre russe, un baril de brut trop élevé représente paradoxalement une menace pour son économie : « Lorsqu'une pluie d'or vous tombe dessus, vous n'avez aucune motivation pour vous diversifier », avait-il plaidé. Les cinq pays appellent donc à une limitation de la spéculation financière, via une meilleure supervision des produits dérivés. Une analyse que ne reniera pas la présidence française du G20.
Plus d'importance aux DTS
Autre terrain d'entente des émergents en ligne avec la position de la France : la nécessité de construire un système financier international plus multipolaire. Manifestement d'accord sur le fait que la toute-puissance du dollar explique en partie la crise financière qu'a connue le monde en 2008, ils appellent à la création d'un système de monnaies de réserve « stable et prévisible ». Ils se sont entendus hier pour s'accorder, au sein du groupe, des lignes de crédit dans leurs monnaies respectives et pour développer entre eux les échanges commerciaux libellés dans leurs propres monnaies. Et l'idée de conférer une importance croissante aux Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI est aussi mise en avant. Mais la question de l'inclusion du yuan dans le panier de devises qui compose ces DTS est, elle, passée sous silence. Une telle avancée se heurte à la non-convertibilité du yuan. Enfin, sur le plan diplomatique, les Brics se sont déclarés « profondément préoccupés face à l'agitation » au Moyen-Orient et en Afrique. Si le communiqué appelle à une solution négociée, des sources diplomatiques citées par Reuters expliquaient que les discussions avaient été plus catégoriques, et que les bombardements avaient été unanimement condamnés.
GABRIEL GRESILLON
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