Souffrant d'un essoufflement de ses ventes, le géant japonais du jeu vidéo a dévoilé, hier, un recul de 66 % sur un an de ses bénéfices. Pour se relancer, il compte sur sa console portable 3DS et sur une nouvelle Wii, qui ne sera lancée que dans un an.
Nintendo va devoir se réinventer pour endiguer la chute continue de ses profits. Le groupe japonais, longtemps présenté comme le pionnier du secteur des jeux vidéo, se retrouve de plus en plus sous la pression de la concurrence des géants Sony et Microsoft. Mais aussi de l'inéluctable montée en puissance des jeux sur téléphones portables et tablettes, qui commence à faire de l'ombre à ses fameuses consoles. Hier, l'entreprise, basée à Kyoto, a révélé qu'elle venait d'enregistrer pour la deuxième année fiscale consécutive un recul de ses bénéfices nets. Ils ont été mesurés sur la période se clôturant au 31 mars 2011 à 77,6 milliards de yens (947 millions de dollars), contre 228,6 milliards de yens sur l'année courant entre avril 2009 et la fin mars 2010. Sur les douze derniers mois, son chiffre d'affaires a également reculé de 29 %, pour retomber à 1.014 milliards de yens (12,4 milliards de dollars). Un an plus tôt, cette chute des ventes avait atteint 22 %.
Pour la deuxième année, c'est l'ensemble du système économique de Nintendo qui souffre. Le groupe avait chamboulé l'industrie du jeu vidéo en 2006, avec sa console Wii qui proposait pour la première fois au joueur d'interagir avec ses mouvements. Mais il vend désormais moins de logiciels, et surtout de moins en moins de consoles. Nintendo n'a écoulé lors de la récente année fiscale que 15,1 millions de Wii, contre 20,1 millions l'année précédente. Les ventes annuelles de ses consoles portables DS, non 3D, ont, elles, plongé de 10 millions d'unités.
L'effet tsunami
Conscient de l'essoufflement de sa gamme, Nintendo a tenté de révolutionner une nouvelle fois le secteur en mettant en vente, au début de cette année, la première console portable offrant une expérience de la 3D ne nécessitant pas le port de lunettes spéciales. Si le produit, la 3DS, a été bien accueilli par les joueurs, il a souffert sur le marché japonais, où il avait été lancé le 26 février (un mois avant d'être introduit aux Etats-Unis et en Europe), des conséquences du séisme et du tsunami du 11 mars dernier. Nintendo a indiqué qu'il n'avait ainsi pu écouler dans l'Archipel que 3,61 des 4 millions d'unités de 3DS au 31 mars dernier.
Affirmant que ses capacités de production n'avaient toutefois pas été directement affectées par les catastrophes, le groupe pense pouvoir tenir ses objectifs de ventes mondiaux et compte notamment distribuer 27 millions de consoles de poche DS, dont 16 millions de 3D et 13 millions de Wii au cours des douze prochains mois. Cette performance permettrait au groupe de générer, sur l'exercice fiscal s'achevant en mars 2012, un chiffre d'affaires de 1.100 milliards de yens (+ 8,4 % sur un an) et un bénéfice net de 110 milliards de yens (+ 41,7 %). Pour se relancer à long terme, Nintendo a confirmé, hier soir, préparer une nouvelle génération de Wii. Ne dévoilant pas de calendrier précis pour cette sortie, jugée cruciale par les experts du secteur, le groupe a indiqué qu'un prototype serait présenté au public le 7 juin prochain lors du Salon E3 du jeu vidéo à Los Angeles. « Je n'évoquerai aucun détail aujourd'hui, si ce n'est qu'elle offrira une nouvelle façon de jouer à la maison », a brièvement expliqué le directeur général de la société, Satoru Iwata.
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