"Un bon aperçu du grand chambardement chinois" (Libération)Ce sont les Trente Tumultueuses chinoises. Trois décennies d'accélération et de défis, de tensions et de ralentis. «Jamais encore, dans l'histoire de l'humanité, un aussi grand pays n'avait connu de telles transformations dans un espace de temps si court», écrit Caroline Puel au début de son immersion dans l'histoire immédiate de l'empire du Milieu, dont le «réveil provoque une véritable mutation du système international hérité du XXe siècle». La journaliste du Point, ex-grand reporter de Libération, qui sillonne le pays depuis trente ans, livre un bon aperçu du grand chambardement chinois.
Ses Trente Ans de «rire, de sueur et de larmes» sont moins un essai à thèse, comme ceux d'Erik Izraelewicz (l'Arrogance chinoise) ou de Jean-Luc Domenach (La Chine m'inquiète), qu'un long récit convaincant, tissé de portraits, reportages et témoignages. En s'en tenant à une approche chronologique un peu trop sage, Caroline Puel éclaire le paradoxe chinois : comment ce grand pays, qui a ravi au Japon la place de deuxième économie mondiale, reste une puissance en «émergence pacifique», en quête d'image et de relation positives avec ses voisins et l'Occident. Elle s'attarde sur le rôle joué par Deng Xiaoping, le «petit timonier» qui avait théorisé le «socialisme à la chinoise» à coups de réformes et de libéralisations. Désavoué par la nouvelle génération après Tiananmen, il lui faut «laver ce souvenir. L'effacer par des réalisations dont la Chine entière sera fière et saura lui être gré». La société chinoise saute dans l'inconnu de l'ouverture et du business.
Mais face aux dérapages de l'hyperdéveloppement et du malaise social (85 000 mouvements sociaux en 2005, selon la police), Caroline Puel campe un pouvoir qui, soucieux «d'éviter l'explosion sociale» après la crise de 2009, s'interroge sur son inévitable réforme. Sans sombrer.
Arnaud Vaulerin / LIBÉRATION
"Pari relevé. Avec brio." (Le Figaro)Si vous ne devez en lire qu'un, ce sera celui-là. Parmi le flot incessant de livres qui paraissent sur la Chine, celui-ci sort résolument du lot. Et pour cause : son auteur figure parmi les meilleurs connaisseurs de ce pays, pour avoir vécu son histoire de l'intérieur depuis près de trente ans, comme diplomate en poste à Pékin, puis comme journaliste. Qui mieux que Caroline Puel aurait été à même de retracer ces trois décennies qui ont fait basculer ce pays, dont on connaît la forte montée en puissance.
Et de décrypter comment, conformément au slogan de Deng Xiaoping - « Nous traverserons la rivière à tâtons en nous appuyant sur les pierres les plus stables » - le pays qui était exsangue à la mort de Mao s'est progressivement mué en deuxième puissance économique mondiale. C'est l'histoire d'une volonté de revanche longuement mûrie par l'empire du Milieu.
Trois décennies rythment sa lecture : la vague des réformes lancées par Deng Xiaoping (années 1980), le décollage économique et l'entrée dans l'économie de marché (années 1990); enfin, l'entrée dans la mondialisation et l'apparition d'une classe moyenne et de la bourgeoisie (années 2000). Mais réduire cet ouvrage à un récit des faits depuis la mort de Mao en 1976 serait extrêmement réducteur.
À travers ces 525 pages, l'auteur nous emmène dans un monde d'anecdotes qui illustrent la petite histoire comme la grande, qu'elle soit politique ou sociale. Avec Caroline Puel, le lecteur tremble pendant l'épisode de Tiananmen - raconté avec force détails - partage les grèves salariales dans les usines automobiles japonaises ou l'embrasement du Xinjiang en 2008, vit la libération des moeurs et cerne mieux les raisons de l'incompréhension mutuelle entre l'Orient et l'Occident, illustrée par l'Exposition universelle de Shanghaï.
L'occasion aussi, grâce à la chronologie figurant en fin d'ouvrage, de relever d'étonnants parallèles, comme l'adhésion de la Chine à l'OMC en 2001, la même année que le 11 Septembre, deux faits ô combien symboliques de cette inversion du rapport de forces mondial. Ce livre, c'est Henri Amouroux qui en avait soufflé l'idée à Caroline Puel voici dix ans. Pari relevé. Avec brio.
Caroline de Malet / LE FIGARO
"Raconter les Trente Glorieuses de la Chine pourrait sembler redondant... Il n'en est rien." (Les Echos)Le propos. En devenant, l'an dernier, la deuxième économie mondiale, la Chine a retrouvé le rang qui fut le sien jusqu'au XIXe siècle. Le pari était loin d'être gagné. Au lendemain de la mort de Mao Zedong, le pays est mal en point. En desserrant l'étau idéologique tout en poussant la population à s'enrichir, Deng Xiaoping enclenche durablement la machine à générer de la croissance. Ce développement à marche forcée a fasciné le monde. Après avoir longtemps analysé ce pays, soit au travers de la question des droits de l'homme, soit pour souligner la démesure de son développement, les pays industrialisés reconnaissent aujourd'hui la « nouvelle puissance » chinoise. C'est précisément cette montée en puissance que décrypte Caroline Puel. Elle en analyse les prolongements politiques ou économiques, et ne passe pas sous silence les coûts sociaux ou environnementaux et les difficultés des entreprises étrangères.
L'originalité. Raconter les Trente Glorieuses de la Chine pourrait sembler redondant au regard du nombre d'ouvrages déjà parus. Il n'en est rien. L'auteur, journaliste vivant en Chine depuis une trentaine d'années, enrichit son récit de références historiques et d'anecdotes vécues. Immergée en milieu chinois, bien introduite chez les artistes, elle brosse un tableau de l'intérieur, celui d'un pays qui est parvenu à un palier de sa modernisation et qui veut profiter de cet acquis pour créer davantage d'harmonie. Finis les excès, place à la vitesse de croisière.
La citation. « Ces années de réforme ont entraîné une véritable révolution psychologique chez les Chinois : la mentalité de victimes qu'ils exprimaient au début des années 1980 [...] s'est transformée en ambition de grande puissance. »
Michel de Grandi / LES ECHOS
« Les Trente Ans qui ont changé la Chine 1980-2010 », Caroline Puel, Buchet-Chastel, 528 pages, 24 euros.
SITE ÉDITEUR : Buchet-Chastel
L'auteur :
Caroline Puel, née en 1963, est correspondante du Point en Chine. Diplômée de Sciences Po et Langues Orientales, elle est arrivée à Pékin en 1984 pour un stage à l’Ambassade de France. Elle a décidé d’approfondir ses connaissances de Chinois à l’Institut de Diplomatie de Pékin. Après un poste au service de presse de l’Ambassade de France, elle est revenue en Chine comme journaliste et écrivain, après quelques années de correspondance de guerre sous d’autres horizons. Après avoir dirigé leur bureau de Hong-Kong, elle a fondé le bureau de Libération en Chine, en 1995 et celui du Point, dont elle est toujours la correspondante pour le monde chinois et l’Asie du Nord. Entre 2003 et 2008, elle a assuré des chroniques régulières pour France Info, France Inter et France Culture, ainsi que la correspondance de la Radio Suisse Romande. Elle a reçu le Prix Albert Londres (1997) pour ses reportages sur la Chine et enseigne depuis 2004 à Sciences-Po.
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