Le Monde - International, mercredi 15 juin 2011, p. 7
La marine américaine a intercepté, le 26 mai, un cargo nord-coréen suspecté de transporter vers la Birmanie des armes et de la technologie pour des missiles. Selon le New York Times, qui révèle l'information dans son édition du lundi 13 juin, le navire nord-coréen M/V Light était en route pour la Birmanie pour des activités de contrebande.
" Nous avons parlé avec les Nord-Coréens et avec tous les pays d'Asie du Sud-Est ", dont la Birmanie, a indiqué lundi, Gary Samore, chargé des armes de destruction massive auprès du président Barack Obama. " C'est un bon exemple, dit-il, qui montre que la coopération et la coordination internationale peuvent bloquer les exportations d'armes par la Corée du Nord. "
L'interception s'est produite au sud de Shanghaï (Chine). Le navire battait pavillon du Belize, pays situé sur la côte caribéenne de l'Amérique centrale, et aurait déjà convoyé des cargaisons suspectes dans le passé, selon le porte-parole du Pentagone, le colonel David Lapan. Après autorisation des autorités du Belize, le destroyer de l'US Navy McCampbell a voulu inspecter le cargo, dont les occupants ont alors révélé qu'ils étaient nord-coréens après avoir refusé, à quatre reprises, l'abordage.
" Nous pensons que ces signes montrent qu'il transportait une cargaison interdite par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ", a expliqué le colonel Lapan. Pyongyang est visé par des sanctions internationales et des résolutions de l'ONU destinées à freiner ses programmes nucléaires et de missiles.
Après l'essai nucléaire de 2009 conduit par le régime de Kim Jong-il, l'ONU avait voté de nouvelles mesures renforçant l'embargo sur les armes et autorisant les pays membres à intercepter ces chargements en cas de soupçons sérieux.
En 2009, le Kang Nam I, un navire nord-coréen, avait déjà été obligé de rebrousser chemin après avoir été soupçonné de vouloir livrer des armes à la Birmanie.
Le McCampbell a suivi le cargo qui a fait demi-tour le 29 mai en direction de la Corée du Nord. Les Etats-Unis ont doublé leur pression militaire d'une intense activité diplomatique notamment auprès d'une délégation de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) en visite, le 27 mai, à Washington. Ses membres ont été informés des opérations en cours au large de Shanghaï. Le représentant birman présent a dénoncé les " accusations américaines ".
Si les Etats-Unis ont pu démontrer leurs capacités opérationnelles et leur vigilance en matière de prolifération, cette cargaison garde encore une large part de mystère. Washington laisse entendre qu'il s'agirait de missiles d'une portée de 500 à 600 kilomètres. Le danger ne concernerait que des pays comme la Chine, la Thaïlande ou le Laos, autant de régimes proches de la dictature birmane.
Aucune preuve formelle
Par ailleurs, faute d'inspection à bord du navire, il n'existe pas de preuve formelle du contenu des cales du navire, et Washington n'a fourni aucune précision sur l'éventuelle exportation d'élément permettant à la Birmanie de nourrir son programme nucléaire.
Le nombre d'armes nucléaires jadis détenues à 90 % par les deux grandes puissances a baissé de 50 % multipliant les dangers d'une prolifération incontrôlée sous la pression de la Corée du Nord et de l'Iran, qui tentent de se doter d'un arsenal contre la volonté de la communauté internationale.
" Il faut relativiser cet incident, il n'a rien d'extraordinaire ", nuance, pour sa part, Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique. " Les Américains ne parlent pas d'arme nucléaire et les échanges entre la Birmanie et la Corée du Nord ne sont pas une nouveauté. "
Jacques Follorou
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