GDF Suez va s'allier au fonds chinois CIC et lui céder 30 % de son exploration-production
Le fonds souverain chinois CIC scelle un partenariat stratégique avec GDF Suez en Asie-Pacifique. Il va prendre une participation d'environ 30 % dans le pôle exploration-production pour 2 à 3 milliards d'euros. GDF Suez va filialiser l'activité et procéder à une augmentation de capital.
Grandes manoeuvres chez GDF Suez. Le géant français s'apprête à signer un accord à double détente avec le fonds souverain chinois China Investment Corporation (CIC). Il s'agit d'abord d'obtenir son soutien pour se développer en Asie-Pacifique. Selon nos informations, CIC se verra proposer de participer à tous les investissements de GDF Suez dans la région, à l'exception de la Chine (CIC n'a pas le droit d'investir dans son propre pays). Le fonds devrait également apporter son aide pour obtenir des accords de financement pour GDF Suez auprès des banques chinoises et pour décrocher des contrats.
Cet accord va couvrir tous les métiers de GDF Suez, des services énergétiques à l'environnement. Il vise à positionner le groupe sur les marchés à forte croissance et à développer des liens avec les compagnies chinoises, afin de répondre ensemble à des appels d'offres dans la production d'électricité. Jusqu'à présent, GDF Suez travaillait plutôt avec des japonais comme Marubeni ou Mitsubishi dans ce domaine. En discussion depuis un an, l'accord a déjà eu des retombées commerciales avec l'obtention d'un contrat de terminal flottant de regazéification pour une grande ville chinoise, indique une source interne.
Deuxième volet, spectaculaire, du projet : l'entrée de CIC dans le capital du pôle exploration-production. GDF Suez prévoit de filialiser cette activité, puis de procéder à une augmentation de capital d'ici à la fin de l'année. CIC devrait prendre environ 30 % de la société, affirment plusieurs sources. Soit un investissement de 2 à 3 milliards d'euros. L'annonce devrait être faite mercredi à l'occasion des résultats semestriels. Contacté, le groupe n'a pas souhaité faire de commentaire.
Aujourd'hui, l'exploration-production est regroupée avec les activités de vente de gaz aux grands comptes européens et les achats de GNL (gaz naturel liquéfié) et de gaz. L'ensemble a représenté un chiffre d'affaires de 20 milliards d'euros en 2010 pour un résultat brut d'exploitation de 2 milliards d'euros, dont près de 70 % provenant de l'exploration-production.
Pourquoi ouvrir le capital ? Cette décision va d'abord accélérer la réalisation du programme de cessions de 10 milliards d'euros sur trois ans annoncé par le groupe afin de réduire son endettement. Surtout, elle va permettre de limiter les apports en financement. Très rentable, l'exploration-production est un métier gourmand en capitaux. Lancée à la fin des années 1990 par Gaz de France, cette activité de 1.400 salariés a absorbé à elle seule 6 milliards d'euros d'investissements entre 2003 et 2008.
Doubler les réserves
Avec 815 millions de barils équivalent pétrole de réserve, GDF Suez reste néanmoins un poids moyen. Le groupe a produit 51 millions de barils équivalent pétrole en 2010, 17 fois moins que Total par exemple. Le groupe affiche néanmoins des ambitions importantes. Ces dernières années, il a décroché des licences d'exploration dans des pays comme la Libye, l'Egypte, la Mauritanie ou l'Azerbaïdjan. Il mène un projet de 1,5 milliard de dollars à Touat, dans le sud de l'Algérie. GDF Suez a aussi pris 60 % dans trois gisements gaziers offshore en Australie. Dans ce cadre, le groupe envisage d'investir plusieurs milliards d'euros dans la construction d'une usine flottante de liquéfaction de gaz avec l'australien Santos. A terme, GDF Suez souhaite produire lui-même de 10 % à 15 % du gaz qu'il commercialise et doubler ses réserves.
EMMANUEL GRASLAND
CIC, un fonds géant
Créé en 2007, le fonds chinois CIC fait partie des grands fonds souverains de la planète et gère 374 milliards de dollars d'actifs dans le monde.Il détient 9,7 % de Morgan Stanley et 9,4 % du fonds Blackstone, mais a aussi pris des participations dans les groupes d'énergie Chesapeake, Noble et Nobel. En 2010, CIC a fait partie des quatre fonds souverains les plus actifs avec le fonds du Qatar, le singapourien Temasek et Mubadala.
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